Depuis son combo Upgrade / Invisible Man, Leigh Whannell a démontré qu'il avait de l'or dans les mains.
Car pour sûr, ce n'était pas gagné d'avance de réussir une nouvelle itération de l'homme invisible tout en portant un message et une thématique aussi actuels que ciselés.
Le masqué allait donc en toute confiance acheter son billet pour aller voir Wolf Man dans son cinéma day one. D'autant plus qu'au vu de la bande-annonce, il reprenait les ingrédients de sa formule magique pour les déplacer de l'invisibilité vers la transformation et le mythe du loup garou.
Sauf que le masqué, cette fois-ci, qu'il n'a pas été transcendé comme il avait pu l'être en 2021.
Car même si des bribes de spectacle s'emparent parfois de l'écran, même si le traitement de la perte d'humanité peut faire mouche, même si le propos n'est pas très différent, on sent que le coeur et le supplément d'âme de Invisible Man ne sont tout simplement plus là.
Sans doute parce que Wolf Man finalement, n'évolue plus qu'en vase clos, centré qu'il est sur sa petite famille bon teint à la problématique déjà mille fois traitée.
Assurément parce que le spectacle et les effets spéciaux à l'ancienne de Hurlements et du Loup Garou de Londres ont trop marqué le genre de leur empreinte. Tout comme Wolfman, du côté du masqué. Mais oui, vous savez, l'opus dégueulé par tout le monde, avec Benicio Del Toro et Anthony Hopkins ? Et proposé de surcroît par Joe Johnston, celui que l'on qualifie parfois avec dédain de simple faiseur... Tout cela pour dire que Behind, il avait adoré ce revival mélangé d'époque victorienne et de malédiction familiale.
Mais surtout, le masqué n'a pas été transporté parce qu'il vous dira qu'il n'a pas accroché aux personnages mis en scène par Leigh Whannell. Incarnés par des acteurs qui ne semblent que très peu concernés. Peut être parce qu'au final, ils n'ont pas grand chose à jouer et n'ont pas le charisme nécessaire pour s'imposer à l'écran, exactement comme le casting de Alien Romulus.
Ensuite, parce que le réalisateur semble vouloir entretenir un certain flou. Bon, pas sur le propos du film, que tout le monde aura sans doute compris, et qui s'attarde sur une certaine toxicité du rôle du père, ou encore sur la métaphore d'un couple qui n'a plus grand chose à se dire et qui en viendra à se déchirer.
Non, le flou entretenu par Whannell se situe plus dans les raisons de la transformation. Il semble les multiplier, en effet, donnant l'impression que le film n'est pas très sûr de ce qu'il défend ou qu'il aurait voulu se démarquer des conventions du genre. Le spectateur aura donc un large choix : contagion d'une maladie, héritage familial, ingestion de viande avariée, tout y passera. L'oeuvre conserve même la liturgie relative à la morsure de la bête, alors même que son personnage, à l'occasion de la première attaque qu'il subit, n'est jamais clairement approché par le monstre.
Ainsi, Whannell aura beau apporter quelque sang neuf en abandonnant les histoires de pleine lune, les trois jours de malédiction ou le cycle de transformation, rien n'y fera. Ou encore dans l'illustration de la perception de son monstre, siège d'astuces de mise en scène permettant de rattacher de manière organique le sujet des relations intra-familiales, Wolf Man donnera clairement l'impression qu'il traîne un peu la patte malgré tout le savoir faire de son réalisateur.
Et même si le film n'est pas désagréable, il laisse cependant un goût de trop peu, malheureusement, à la sortie de la séance. Comme s'il n'avait pas vu assez grand.
Behind_the_Mask, plus canis familiaris que canis lupus.