En septembre 2009, Gavin Hood, le réalisateur de X-men Origins : Wolverine, a spéculé qu'il y aurait une suite qui se déroulera au Japon. À l'origine, le film devait s'intituler X-men Origins : Wolverine 2 et adapter le run Wolverine de Chris Claremont et Frank Miller publiée dès 1982.
Malgré les retours catastrophiques de X-men Origins : Wolverine, la suite est officiellement confirmée. Cependant, en cours de route, le projet évolue et se retrouve intitulé sobrement The Wolverine, histoire de lui faire perdre sa réputation de suite et le faire passer pour une aventure indépendante. Le film reste tout de même clairement attaché à la saga et constitue une suite directe de X-men : The Last Stand.
Christopher McQuarrie, qui avait travaillé de manière non créditée sur la saga X-men avec Bryan Singer, est engagé pour écrire le script du film. L'histoire est alors focalisée sur la relation entre Wolverine et Mariko Yashida. À l'origine, Bryan Singer s'est vu offrir l'occasion de réaliser le film, mais il a refusé. Des rumeurs évoquent alors les noms de Daniel Espinosa, Timur Bekmambetov, Kathryn Bigelow, Tony Scott ou encore Matt Reeves. C’est finalement Darren Aronofsky qui est officialisé comme réalisateur du projet, il ne restera pas longtemps, car il quitte le projet en raison de la durée du tournage qui l'obligerait à être absent pendant un an de sa famille.
En 2011, la 20th Century Fox annonce que James Mangold prend le poste de réalisateur. Comme pou Darren Aronofsky, l'option est surprenante en regard de la filmographie du réalisateur. A l'évidence, l'envie est donc de proposer un spectacle très différent de ce qui se fait dans le genre. James Mangold et la production engagent Mark Bomback et Scott Frank pour réécrire le script de McQuarrie.
The Wolverine sort en 2013.
Le film risque de surprendre car le métrage prend un chemin inattendu. En effet, le film de James Mangold se rapproche bien plus d'un thriller que d'un métrage de super-héros contemporain. Cette influence, on la doit certainement plus à l'écriture de Christopher McQuarrie qu'à James Mangold, même si son travail a ensuite été remanié. Le ton se montre donc plutôt surprenant. Particulièrement en raison du fait que le scénario évoque le deuil, la mort et la rédemption, donnant à cette aventure d'un super-héros une ambiance mélancolique et tragique. A ce titre, le film se montre des plus astucieux en utilisant d'excellente manière le souvenir de la défunte Jean Grey, interprétée par Famke Janssen.
Wolverine part au Japon pour rendre hommage à une vague connaissance du passé. Le rendez-vous se révèle un piège qui ébranlera les assises du personnage (il sera privé de son invulnérabilité) et l’incitera à trouver de nouvelles ressources intérieures et extérieures pour se tirer de ce mauvais pas, se rendant à la fois plus humain et plus proche de l’animal blessé et d’autant plus dangereux.
Les remises en questions de Wolverine, ses doutes, son côté solitaire sont alors certes bien retranscrits mais un peu trop peut-être. Car au final, le rythme du film tout entier en souffre tant il ne se passe pas grand chose entre les quelques scènes de combats d'une platitude qui a de quoi laisser pantois. A trop vouloir faire un film de super-héros modeste et cérébral, le réalisateur oublie les codes du blockbuster américain (et même les codes du film de yakuza). La faute est commise essentiellement dans la quasi absence de mutants mis à part une dangereuse Vipère et un Samurai d'Argent apparaissant en toute fin. Le manque d'ampleur du film est flagrant et affligeant. Ainsi quand Wolverine ne combat pas, la limite de l'exercice est atteinte et les clichés sont légions : le héros paumé qui a perdu l'envie de se battre, l'expatriation pour retrouver un sens à la vie, le garde du corps qui tombe amoureux de celle qu'il est censé protéger…
Hugh Jackman est certes toujours aussi convaincant dans le rôle de Wolverine, mais son personnage est tout bonnement ennuyeux. Autant il fonctionne en groupe, autant, il est anecdotique quand il est seul. Son passé ayant été conté tout comme sa quête avec les X-men, il ne lui reste, en effet, guère à proposer que son sentiment de perdition et son état de dépression permanents qui ont de quoi désespérer le spectateur. Et quand en plus, la fausse-bonne idée de le rendre vulnérable pointe le bout de son nez, les clichés du personnage torturé type viennent plomber le tout à l'exemple des scènes de l'ours ou des rêves.
Quand il oublie son introspection, Wolverine a, malgré tout, un semblant de mission. Il doit protéger les membres de la famille Yashida : le grand-père dont il a sauvé la vie par le passé, le fils Shingen qui a la lourde tâche de succéder à son paternel à la tête de la multinationale familiale et, enfin, la petite fille Mariko dont il sent le danger roder autour. Sauf que... Tous sont des caricatures ambulantes. Le spectateur voit, en effet, venir à cent kilomètres leurs comportements et réactions. A leurs côtés, Kenuichio Harada est, somme toute, bien mieux défini : garde du corps de la famille Yashida, d'une loyauté sans faille, il ne se rend, en fait, pas compte qu'il met en danger celle qu'il aime en obéissant aveuglement aux ordres.
Le seul personnage intéressant de tout l'opus est Yukio, interprétée par Rila Fukushima, la sœur adoptive de Mariko. Avec ses talents de voyante ou sa capacité en arts martiaux, elle est, en effet la plus attachante du casting arrivant à rendre son personnage bien moins linéaire que les autres.
La Vipère est, quant à elle, la méchante de service. Comme son nom l'indique, elle a toutes les caractéristiques d'un serpent. Seul mutant du film hors Wolverine, elle va d'ailleurs bien au delà de sa version papier où elle ne possède pas autant de capacités. La Vipère ressort alors vraiment de son environnement, une sensation d'autant plus renforcée qu'elle est avec Wolverine, l'unique occidentale du casting.
Petit blockbuster estival sans aucune prétention, The Wolverine est un film de super-héros qui se tient sur une jambe, avec un Hugh Jackman en grande forme. Pas sûr qu’il parvienne à trouver sa place dans un planning ras la gueule de grosses productions, mais c’est un amuse-bouche intéressant en attendant le fameux plat de résistance que Bryan Singer prépare pour 2014 avec son X-men : Days of Futur Past.