Une immense roue, celle de Wonder Wheel, dans un Coney Island fantasmé et en voie de décrépitude. Qui symbolise évidemment celle de la vie et de l'infortune puisque Woody Allen a toujours été un vrai pessimiste quel que soit le nombre de comédies qu'il a pu tourner. Et Wonder Wheel n'en est assurément pas une, loin de là, même si l'on a du mal à qualifier le film de mélodrame. Indépendamment de la somptueuse lumière orangée due à Vittorio Storaro, digne de la flamboyance de Douglas Sirk, le long-métrage rend un hommage beaucoup trop appuyé aux dramaturges américains avec son scénario trop banal centré sur des personnalités assez peu approfondies hormis le rôle défendu par Kate Winslet et que l'actrice interprète avec un immense talent. Mais l'histoire est bien indigente et assez prévisible dans son déroulement et le plus grave c'est que le réalisateur semble avoir peu d'affection pour ses personnages, les traitant de haut, voire avec cynisme. Ce n'est certes pas la première fois mais là où il y avait habituellement toujours une bonne rasade d'humour, il n'y a dans Wonder Wheel rien de tel si ce n'est des dialogues et des attitudes qui peuvent parfois sonner faux, en particulier dans la bouche de James Belushi ou de Justin Timberlake. La roue a tourné, ce Woody Allen théâtral n'arrive pas à la cheville de ses plus grandes réussites.