Je dois dire que jusqu'à son final assez impressionnant, je n'étais pas totalement convaincu par ce Wonderful Days. Faut dire que la Corée du Sud est loin d'être un pays de tradition "films d'animation" : les films de Shin Dong-woo (papa de l'animation coréenne, dont le premier film fut Hong Gil-dong en 1967), Oseam, bien sur, Grand Prix du Festival d'Annecy en 2004, Mari Iyagi ou encore O-Nu-Ri. Le pays n'a pas l'habitude d'adapter ses manhwas, contrairement aux japonais et leurs mangas, et la Corée du Sud est beaucoup plus habituée à ce que l'on appelle de la "sous-traitance" dans le registre de l'animation : participation à la conception de productions étrangères, dont on retiendra notamment Les Simpsons, Paranoïa Agent ou Les Enfants de la Pluie. Wonderful Days est donc une petite curiosité, d'autant plus qu'il part d'un postulat assez intéressant : après un déluge d'origine humaine liée à la polution, une "élite" humaine s'est réfugiée sur des endroits surélevés pour fonder des villes. Les survivants "autres" qui parviennent à rejoindre ce qui est donc devenu une île sont rejetés par la population citadine, dont l'énergie est fournie par la pollution alentours.
L'animation peut, au premier abord, déranger, mais on s'y habitue vite : c'est loin d'être moche, même si c'est déstabilisant. On notera aussi une excellente bande-originale, notamment la musique de la scène finale qui est juste sublime, et une maîtrise indéniable de l'ambiance visuelle du produit. Le film dure 1h20 et il faut dire que c'est largement suffisant : on ne s'ennuie pas vraiment, mais l'amorce de cette histoire reste un peu longue, puisqu'il ne se passe pas énormément de choses dans la première heure, ou du moins pas grand chose de marquant. Le plus intéressant restant la relation entre les trois personnages principaux, plus que l'univers qui, si il est plutôt cool au premier abord, souffre un peu de l'absence d'explications sur certains points qui auraient peut-être mérités un meilleur traitement au détriment d'éléments pas toujours exceptionnels (l'intrigue autour des rebelles...). Le triangle principal profite d'un traitement tourné vers le passé et plutôt fascinant. Mais l'aboutissement du film reste - je le répète - l'incroyable scène finale, très onirique et grandiose, sur fond d'une magnifique musique. Elle rattrape le film à elle toute seule qui aurait été, sans cela, rapidement oubliable.
Wonderful Days ne fait peut-être pas le poids face à la production similaire des voisins japonais, mais ça se tient largement. On ne s'ennuie pas, l'ambiance à la Blade Runner / Deus Ex reste soignée, tout comme l'animation, et l'intrigue, si elle comporte des lacunes, se termine de façon magistrale. Si on reste mitigé face à des éléments plus ou moins intéressants, on reste convaincu que la Corée du Sud aurait du potentiel dans un genre si peu exploité. Un film d'animation mature et bien foutu, à défaut d'être indispensable.