Wrong est décidément le meilleur film de Quentin Dupieux.
Le moins foutraque tout en conservant cet humour absurde qui lui sied si bien et est sa marque de fabrique.
Le plus cinématographique (même si Réalité peut le rejoindre à présent), loin des objets improvisés et expérimentaux du reste de sa filmographie.
Le plus abordable ; l'humour, on l'a dit, y est toujours présent mais c'est le rapport entretenu avec le spectateur qui y est simplifié. On n'a rien à comprendre, comme le scénario compliqué de Réalité laissait supposer, ni rien à connaître, comme dans Wrong Cops qui était inaccessible dans ce sens où il était un délire personnel et un peu fermé. Wrong ne l'est pas et s'offre à nous avec toute sa générosité. On s'attache au personnage principal, qu'interprète avec talent le bien trop rare Jack Plotnick, et à son intrigue barrée, et le scénario nous tient en haleine quant à sa résolution, d'une grâce et d'une simplicité émouvante. Le rapport que crée Dupieux entre l'homme et l'animal est superbe, osé et travaillé, grâce notamment au personnage qu'interprète avec génie (et surtout beaucoup de second degré) William Fichtner, à la diction et à l'accent ridiculement réussis !
Le plus poétique surtout. S'il amorce volontairement de l'émotion dans son film (grâce à la franche amitié du héros et de son chien), il introduit une vraie dimension surréaliste, quasi mystique, grâce au personnage du voisin, parti dans sa voiture pour un voyage mystérieux au confins du monde.
Enfin Wrong est le film le plus ingénieux de son réalisateur. Dans un minimalisme autant technique que scénaristique, Dupieux parvient à mettre à jour une oeuvre superbe esthétiquement (accumulant les plans osés, les jeux de flous et de lumière, à l'aide d'un simple Canon trafiqué) et crée un univers atypique, délicieusement décalé mais profondément puissant, ici à son apogée.