“X”, une seule lettre pour définir un projet aguicheur de film d’horreur qui renoue avec la simplicité que l’on perd résolument dans ce genre. Effectivement, plus les années passent et plus le genre horrifique se perd dans des dédales inutiles, à coup de grands concepts incompréhensibles, à qui trouvera la meilleure idée pour que celle-ci soit finalement souillée par d’affreux “jumpscares” inconsistants. “X” montre un groupe de jeunes en quête de fortune, tourner un film porno dans une vieille ferme habitée par un couple de vieux. Ambiance dirty années 80 aux Etats-Unis, la formule est donnée, l’image granuleuse et le ton irrévérencieux. Tout ça sent bon l’horreur fun, celui qui rend hommage à ses prédécesseurs et qui compose dans le style slasher avec un humour cradingue.
Ti West choisit délibérément ses inspirations, “Massacre à la tronçonneuse”, “La baie sanglante” et “Vendredi 13” en tête. Le traitement sonore sur une boucle entêtante est réussie car il reprend implicitement le leitmotiv de “Vendredi 13”, le célèbre "ki-ki-ki...ma-ma-ma" pour créer une continuité entre les meurtres. Toujours drôle (le personnage de Kid Cudi est hilarant), le film de Ti West se permet pourtant certains moments terriblement sombres et décalés, toujours autour du personnage de la grand-mère lorsqu’elle danse en pleine nuit ou même lorsqu’elle se maquille. Ti West filme ce corps âgé sans aucun complexe et dévoile une autre représentation de la vieillesse, à l’instar de “The Visit” de Shyamalan.
Également, sa manière de traiter le porno au même titre que l’horreur traduit d’une fascination pour le cinéma bis et les débuts de certains réalisateurs cultes par la suite dans ce milieu. Le personnage / réalisateur dans le film cite d’ailleurs régulièrement des cinéastes influents et souhaite élever ce film porno au rang d'œuvre d’art. Le déferlement de violence qui suit est tout simplement jubilatoire et témoigne d’un profond respect pour l’horreur. La récente révélation d’un second opus avec “Pearl” et potentiellement d’une franchise donne à voir le potentiel du projet de Ti West, qui inscrit délibérément son œuvre dans la référence pure et la promesse d’un spectacle d’horreur à l’ancienne.