Monde Mutant

Au moment de la sortie de ce premier film X-men, à quelques exceptions près (Superman, Batman), les super-héros au cinéma fréquentaient plutôt le Z du zéro. Ils se contentaient aussi du support télévisuel, tel Hulk et sa série culte avec Lou Ferrigno (déclinée en téléfilms où on le retrouve avec un Thor risible).
Les progrès des effets spéciaux permettaient alors de rêver d'enfin voir les aventures de nos "masques" favoris. Avant Spiderman, les 4 Fantastiques, le reboot Batman, Watchmen, les membres des Avengers, ce furent les X-men qui passèrent les premiers le test du grand écran.

Le résultat, après revisionnage est toujours concluant. Les effets spéciaux, modernes mais encore balbutiant, font le job. Le scénario, présente les personnages efficacement, en profitant pour revisiter le monde des mutants, allant droit à l'essentiel.

L'opinion politique et générale est à la méfiance devant l'augmentation du nombre de mutants. Face à cette peur, deux groupes luttent différemment. La confrérie de Magnéto, qui souhaite frapper en premier, et les X-men, qui prônent le respect mutuel et le vivre ensemble.
La relation entre Magnéto et le Professeur Xavier, leaders de chacune des factions, entre amitié, respect, et profond désaccord est parfaitement portée par leurs interprètes (Ian McKellen et Patrick Stewart).
Le récit se centre autour des personnages de Malicia (Anna Paquin) et de Wolverine (Hugh Jackman), tous deux complètement paumés et recueillis par les X-men. À noter l'implication de Jackman à incarner son personnage de mutant griffu malgré les différences notables avec son modèle dessiné (Jackman est immense alors que Logan est un nabot), une vraie bonne surprise.
Le traitement des autres personnages tiens plus de l'anecdote (Tornade, le Crapaud), voire même du ridicule (Dents-de-Sabre), si Jean Grey (Famke Jansen) est relativement bien abordée, sa relation amoureuse avec Cyclope (James Marsden, vraie erreur de casting) sonne creux, voire faux. Sans doute que le charisme de caillou du leader des X-men y est pour quelque chose.
Le choix de Singer de ne pas s'éparpiller et de resserrer l'action autour d'une poignée de personnages, est le bon. Plutôt que de se perdre dans la présentation de trop de mutants, il avance dans son histoire, simple mais efficace, cernant bien les enjeux de l'univers X. Le sous-texte concernant le racisme, la peur de l'inconnu, la lutte pour les droits civiques, l'intégration des minorités, est subtilement abordé, et l'antagonisme Xavier/Magnéto, montre plusieurs points de vue sur ces sujets. Belle démonstration.

Un film précurseur d'une nouvelle ère, qui a l'époque laissait présager un futur radieux aux super-héros de cinéma.