La popularisation conséquente des univers super-héroïques au cinéma tient beaucoup du succès des X-Men, dont les multiples opus initiés en ce début de millénaire par Bryan Singer constituent une part non négligeable du genre ; si Matthew Vaughn marquait alors des points avec un First Class dépoussiérant l'univers des mutants, sa suite et second opus de la trilogie "origins" voyait le retour aux manettes du chef d'orchestre originel, le papa d'Usual Suspects signant d'ailleurs un Days of Future Past on ne peut plus probant.


Il va donc sans dire que sa présence (répétée) à la réalisation d'Apocalypse ne posait, en ce qui me concerne, aucun problème, le projet s'attachant un capital sympathie des plus certains ; l'arc comics adapté augurait d'autant plus du grand spectacle en bonne et due forme, tout en promettant une continuité sérieuse (notamment) propre aux thématiques sociales composant X-Men.


Mais ce qui s'apparentait à un nouveau succès manque de peu de tourner à la déconfiture, Apocalypse ne tenant que trop peu ses promesses et ployant sous le poids de la fatidique comparaison : difficile en effet de retrouver l'essence captivante de ses ainés, le présent long-métrage ne fournissant qu'une copie rabougrie et malheureusement modeste de son pendant papier, quand bien même il serait correctement divertissant.


Le grand écueil est en l'espèce inhérent aux personnages de tout horizon, les habitués décevant selon des échelles diverses tandis que les nouveaux-venus n'apportent pas grand chose ; figure primordiale quant aux réussites qu'étaient les deux précédents volets, Erik Lehnsherr ne cristallise que trop bien les tenants malingres d'une intrigue humainement creuse, son ambivalence et le caractère fataliste de son existence se voyant suspendus au trait d'une invraisemblable flèche de bois, ressort scénaristique de son état prêtant à rire de dépit alors que l'idée était de susciter l'empathie du spectateur.


On pourrait également s'appesantir sur le refrain tant prévisible qu'est sa relation vis-à-vis de Xavier ou Raven, celui-ci nous soufflant très tôt à l'oreille le fin mot de l'histoire (ses prises de position sont téléphonées jusqu'au bout), mais ce protagoniste n'est pas le seul responsable à bord, loin s'en faut : l'impact du duo précédemment cité ne s'illustre qu'à grand-peine, et ce malgré un potentiel à juste titre survolé, et l'on ronge notre frein pour tout ce qui touche aux petits nouveaux, aucun ne parvenant à s'exprimer convenablement.


On serait forcément tenté de pointer du doigt l'écriture attenante, Apocalypse brossant à la va-vite des portraits en cascade et perdant dans le foulée en teneur, un constat d'autant plus avéré que l'antagoniste éponyme est une déception : si on ne réservera aucun reproche à Oscar Isaac, le fait est que le mutant millénaire foire dans les grandes largeurs son retour à la vie, entre pouvoirs surpuissants paradoxalement en demi-teinte et le recrutement de quatre cavaliers creux à souhait, tous étant plus ou moins réduits à un simple seuil fonctionnel.


Résultat des courses : là où l'atmosphère se devait d'en imposer, celle-ci fait écho à un récit ne s'emballant jamais véritablement et un pan formel empreint d'une faible influence, le visuel "blockbusteresque" du long-métrage agissant tel un mirage cache-misère ; l'apport de facto peu inspiré de Singer s'impose ainsi à nous, et la BO somme toute plaisante de John Ottman paraît bien esseulée afin de retrouver un cap détonnant... cap que l'on ne perçoit que par l'entremise du salvateur Quicksilver, dont la fameuse séquence de sauvetage n'est pourtant qu'un ersatz rallongé de son précédent coup d'éclat (au Pentagone).


Tension aux abonnés absents, galerie sans saveur et réalisation peu folichonne : pas de doute, X-Men: Apocalypse ne fera pas date au sein de la franchise Marvel, ses tenants et aboutissants prétendument dramatiques soulignant d'ailleurs un humour en berne, preuve en est d'un récit tout juste prenant (la séquence hargneuse de Wolverine est un bon exemple, et ce malgré d'intéressantes connexions [scénaristiques] inter-films)... on en retiendra un divertissement tout juste satisfaisant en somme.

NiERONiMO
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de la saga X-Men et Les meilleurs films Marvel

Créée

le 9 juin 2016

Critique lue 338 fois

7 j'aime

NiERONiMO

Écrit par

Critique lue 338 fois

7

D'autres avis sur X-Men : Apocalypse

X-Men : Apocalypse
Docteur_Jivago
5

Fausses divinités

Avec Apocalypse, Singer décide d’invoquer Apocalypse (tout simplement), de retour dans notre monde après plusieurs siècles d’hibernation, et prêt à en découdre avec l’aide de ses cavaliers, qu’il...

le 18 mai 2016

72 j'aime

4

X-Men : Apocalypse
Behind_the_Mask
8

Le temps détruit tout

Pas besoin de Cerebro pour deviner ce que vous allez penser, avant même la fin de cette lecture. Je suis sûr que vous vous direz quelque chose du genre "Oui... Le masqué... y sait pas ce qu'il fait...

le 18 mai 2016

59 j'aime

15

X-Men : Apocalypse
Kiwi-
3

Burn the ground.

À tous et à toutes celles et ceux ayant aimés « X-Men : Days of Future Past », autant le dire tout de suite, « X-Men : Apocalypse », toujours réalisé par Bryan Singer, n'apporte absolument pas ses...

le 20 mai 2016

50 j'aime

1

Du même critique

The Big Lebowski
NiERONiMO
5

Ce n'est clairement pas le chef d'oeuvre annoncé...

Voilà un film qui m’aura longuement tenté, pour finalement me laisser perplexe au possible ; beaucoup le décrivent comme cultissime, et je pense que l’on peut leur donner raison. Reste que je ne...

le 16 déc. 2014

33 j'aime

Le Visiteur du futur
NiERONiMO
6

Passé et futur toujours en lice

Un peu comme Kaamelott avant lui, le portage du Visiteur du futur sur grand écran se frottait à l’éternel challenge des aficionados pleins d’attente : et, de l’autre côté de l’échiquier, les...

le 23 août 2022

29 j'aime

Snatch - Tu braques ou tu raques
NiERONiMO
9

Jubilatoire...

Titre référence de Guy Ritchie, qui signa là un film culte, Snatch est un thriller au ton profondément humoristique ; le mélange d’humour noir à un scénario malin et bien mené convainc grandement,...

le 15 déc. 2014

18 j'aime

3