X-Men: Days of Future Past par Maître-Kangourou
Les voyages dans le temps sont peuplades au cinéma. Encore faut-il qu’ils soient bien ficelés... Le meilleur exemple, pour ne citer que lui, demeure l’irremplaçable et cultissime trilogie de Robert Zemeckis, Retour vers le Futur, azimutée par un Micheal J. Fox fédérateur et un Christopher Lloyd inoubliable en Doc. A l’époque, il y avait tout : l’humour, l’héroïsme, la classe et la clarté. Et aujourd’hui, X-Men : Days of Future Past peut se targuer de (presque) tout avoir...
SAUF QUE :
Quand vous faîtes du voyage dans le temps - et tout le bouleversement que ça implique - et qu’en plus vous rajoutez des mutants qui se régénèrent, manipulent le temps, l’espace, les pensées, etc… ET QU’EN PLUS vous faîtes référence à 6 autres films derrière, et ben forcément ça complique un peu les choses ! En découlent de nombreuses incohérences, ou alors des éléments peu ou pas expliqués, et qui viennent troubler la teneur d’un scénario plutôt solide et efficace. Et même si avec du recul on recadre tout ça après-séance, il n’est pas facile de tout resituer sur le moment…
Hormis ce critère, qui justifie à lui seul les deux points en moins sur ma note, X-Men : Days of Future Past est une franche réussite sur tous les plans : visuellement passionnant, bardé d’une mise en scène généreuse, garni de très bon effets spéciaux, bercé par une musique dantesque, propulsé par une générique prenant, tenu par un casting de fou, correctement fourni en scènes d’action, baignant dans la classe terrible des années 70, avec une part belle faîte au fan-service pour contenter les lecteurs de comics. Que demande le peuple ?
Qui plus est, à côtés de ses congénères Marvel, la saga X-Men a toujours eu l’heureux crédit d’une double-casquette, à savoir celle du divertissement qui fait référence à un sujet de société. Ici : la dénonciation de la ségrégation, de l’exclusion d’une minorité par une autre ou encore du recours à la violence, avec une forte correspondance des personnalités de Magneto et Charles Xavier avec les deux leaders emblématiques des années 60 qu’étaient Malcom X et Martin Luther King, luttant pour une cause commune mais avec une vision et des moyens différents.
Ancrer l’intrigue dans les années 70 comme point focal des répercussions à venir était donc aussi intelligent que fort de sens de la part de Singer. Avec Days of Future Past, nous avons finalement la connivence de ces deux personnages, qui se rejoignent finalement pour lutter ensemble de front. On regrettera simplement de ne pas les voir autant que leurs propres personnages plus jeunes, mais la symétrie finale entre les 4 personnages est parfaitement bien menée durant la séquence finale.
Ainsi, devant cet étrange paradoxe tenant seulement à la cohérence brouillonne de la saga, on ne peut qu’abdiquer devant le travail monumental de Brian Singer. Le réalisateur nous offre le plus bel X-Men de la saga, ainsi que l’un des meilleurs Marvel avec Avengers et Iron Man 3. Des héros dignes de ce nom, instillant de l’espoir aux gens dans des récits plus vrais que nature. C’est aussi ça, le pouvoir de la fiction. Bref, du cinéma.