2006 : Lauren Shuler Donner, productrice de la franchise, déclare que si continuation de la franchise principale il y a, des renégociations il faudra. En effet plusieurs membres du cast de The Last Stand étaient déjà signés, tandis que d’autres non.
Après la sortie de First Class et désireuse d’aborder cet arc, Donner fait de nouveau part à Singer de Days of Future Past. Vaughn et Singer sont alors prévus pour revenir sur cette suite, respectivement aux mêmes postes de réalisateur et producteur. Kinberg rempile sur le script. En plus de l’arc éponyme, Days of Future Past va être férocement inspiré par plusieurs films sur le voyage dans le temps, en particulier Retour Vers le Futur, Terminator 1 et 2.
Appréciant les capacités régénératrices de Logan, ils jugent le personnage plus viable et intéressant à envoyer dans le futur en lieu et place de Kitty Pride, qui était initialement la mutante faisant le voyage. Plusieurs personnages secondaires sont considérés mais sont finalement retirés de l’intrigue. Alors que les choses avancent étrangement bien, Vaughn doit abandonner le poste de réalisateur pour se concentrer sur l’adaptation d’un autre comics de Mark Millar après sa tentative réussie sur Kick-Ass : Kingsman. Il avait initialement proposé une autre suite X-Men impliquant un jeune Logan incarné par Tom Hardy avant de rempiler sur DoFP, mais finalement ça se passera différemment. Singer accepte de récupérer la casquette de réal et la production peut alors poursuivre.
Par l’allure du scénario, des membres de cast de plusieurs films sont contactés, on retrouvera ainsi plusieurs têtes d’X-Men 3, mais aussi de First Class, en plus de quelques nouveaux venus. Comme si le studio gardait ses sous pour un projet plus ambitieux que The Wolverine, et à raisons, DoFT est gratifié d’un impressionnant budget de 205M$, le plus important du studio après Avatar. Une enveloppe à la hauteur des ambitions vu ce que le pitch implique.
À sa sortie, le film est très favorablement reçu, tant par la critique et le public, si bien qu’il reste à ce jour un des films les mieux notés et plus appréciés de la franchise. Coté box-office le carton est indéniable, réalisant des performances supérieures à n’importe quel autre opus, tant sur le sol US qu’au niveau mondial. En France aussi c’est un succès avec près de 3,3M$ d’entrées.
À l’époque de sa sortie, je l’avais beaucoup apprécié, mais j’étais également confronté à la douloureuse réalité : des choses m’avaient dérangées. J’en ai malgré tout gardé un souvenir positif, mais qu’est ce que ça vaut après ce revisionnage ?
Dans un futur proche et dystopique les Sentinelles, des robots ultra performants créés dans l’unique bute de traquer et exterminer les mutants, sèment la terreur. Une mission qu’ils pratiquent à un tel degré que bon nombre de nos mutants préférés sont morts, tandis que les derniers survivants luttent pour ne pas être les suivants. Ils décident de lancer leurs ultimes efforts dans un plan fou : envoyer Wolverine dans le passé en 1973, époque de la création des Sentinelles par Bolivar Trask, à l’aide des pouvoirs de Kitty Pride, faire appel aux Charles Xavier et Magneto de cette époque, et changer le cours des évènements.
C’est une review qui risque de faire grincer des dents, les miennes les premières, tant ce film me divise toujours autant. Il a vraiment beaucoup de bonnes choses à proposer. Mais aussi d’autres qui me plaisent beaucoup moins. Commençons donc par celles-ci.
Très vite le film démarre et tente par tous les moyens de justifier les trous et incohérences entre les trois premiers X-Men et les évènements montrés dans First Class, censé se dérouler dix ans avant les évènements du passé de ce DoFP. Le souci c’est que ça reste en surface, balancé via une foule de répliques destinées à ne faire que ça : tenter d’expliciter la situation dans laquelle le film nous plonge in medias res.
On commence par exemple dans un monastère isolé dans les montagnes mais divinement éclairé par moult bougies, pour des personnes en fuite et tentant le tout pour le tout, ça me paraît être un setup pas très intelligent pour échapper à leurs ennemis… mais je digresse.
Comment expliquer les pouvoirs de Kitty Pride, survenus entre deux épisodes et vitaux pour cet opus ? On ne le fait pas. Comment introduire les nouveaux persos du futur ? On ne le fait pas. Comment expliquer les rapports qui ne correspondent pas entre les Charles, Erik et autres Mystiques des premiers X-Men et First Class, ou leur différences d’âges ? On ne le fait pas, ou alors sommairement, car si on y réfléchit trop le film part malheureusement en lambeaux.
Tout le prémisse implique d’accepter sans broncher les innombrables incohérences que le film va systématiquement tenter d’esquiver ou d’utiliser. Par exemple : théoriquement on passe ici notre temps avec un Logan qui n’a toujours pas ses griffes en adamantium puisque celles-ci sont créées en 1981 d’après Origins Wolverine. Or ce même Origins Wolverine nous apprenait également que Logan avait passé le plus clair de ses précédentes années d’abord en pleine Guerre du Vietnam, ensuite avec le groupe de mercenaires de Stryker, avant de disparaître pendant six ans dans les forêts canadiennes. Il faut donc m’expliquer à quel moment il trouve le temps de traîner en tant que gardien de fille de chef probable de gang sans même mentionner Viktor une seule fois alors qu’ils sont censés avoir traversé les 200 dernières années de leur vies collés comme cul et chemise. Une question qu’on pouvait déjà légitimement se poser dans First Class lorsque Charles et Erik l’abordent dans un cameo- dans un bar. L’excuse du « ils n’étaient pas obligés de rester 24h/24 » ne marche hélas qu’à moitié. Et il y en a hélas plusieurs. Cela étant dit, ça c’est parce que je me base sur les faits racontés dans Origins Wolverine, un film qui créait déjà lui-même un nombre impressionnant d’incohérences. Si je me réfère à ceux de la trilogie originale, certaines incohérences sont amoindries voire résolues, mais ça ne marche pas toujours, comme Stryker par exemple, qui devait manifestement connaître Mystique depuis un paquet d’années. Ne mentionnons pas le fait que malgré les 10 ans qui séparent les faits vu dans First Class et DoFP nos héros n’ont pas pris une ride. Bref, la saga a dérapé dans cette soupe depuis un petit moment et DoFP ne fait hélas pas exception à la règle.
Le film souffre également de couacs scénaristiques par ci, de facilités par là. Exemple : Erik qui décide d’un seul coup de pourchasser Raven sans beaucoup d’explications. On le sait obstiné mais quand même, c’est vraiment trop stupide, d’autant que c’est adressé trois scènes plus tard : il a été incroyablement bête et peu réfléchi, ce qui ne correspond pas du tout à ce qu’on attend du perso, et correspond davantage à un tour de passe-passe d’écriture pour permettre de légitimer le scénario et de le faire avancer par la même occasion. Autre facilité que je pointe volontiers du doigt : la façon dont Erik parvient à manipuler les Sentinelles. Je veux bien croire qu’il ait eu accès aux blueprints de ces derniers, mais ça me paraît incroyablement léger pour qu’il puisse aussi facilement les détourner pour son propre usage. En vrai, Erik m’a l’air d’être un antagoniste mal écrit et trop assumé dans ce film.
Enfin, je ne peux que terminer les défaut sur le final, un retcon difficile à réellement appréhender, mais qui apporte malgré lui une belle fin à cette aventure.
Voilà.
Passée cette avalanche de critiques, je peux désormais parler du bon de ce film car oui, DoFP reste un bon film malgré ses nombreux défauts.
Ça tient presque du miracle. Une fois que le film a démarré, on ne lâche plus. Oui les plus éméchés de la cohérence ou de la justesse scénaristique vont grommeler de bout en bout du film, mais à coté de ça, c’est un rollercoaster assumé, plein de moments épiques, sincères, graves ou drôles. On peut passer d’un échange plein de finesse entre Xavier et Logan à une Mystique épluchant des dossiers morbides sans que ce soit étrange.
Fini le Logan bougon donc, on retrouve notre espèce de bon vivant cinglant et le plaisir de Hugh Jackman à tourner dans ce film se ressent dans son jeu, plus « aéré » que dans ses deux récentes excursions en solo. Au diable la cohérence avec le ton du perso vu dans The Wolverine donc, tant c’est un plaisir de suivre ce Logan-ci. À ses cotés le reste du casting fait des merveilles, à commencer par James McAvoy et Fassbender, toujours impeccables dans leurs rôles respectifs, volant la vedette aux deux interprètes originaux, plus en retraite et davantage là pour le fan service le besoin d’apporter de la cohérence entre les différents opus, bon gré mal gré.
Autre très bon point : Mystique a enfin la classe, la débrouillardise et la dangerosité qu’on lui connaissait dans la trilogie originale, avec en plus de ça une Jennifer Lawrence qui capture bien la performance de Rebecca Romijn, jusqu’aux mimiques et le regard perçant. Le maquillage y est aussi pour quelque chose, à mi-chemin entre le design du perso à l’époque de Romjin et celui de First Class, que je trouvait vraiment pas terrible. On retrouve toujours ce coté chouinerie dès qu’elle doit avoir des lignes de dialogue, mais c’est tout de même mieux équilibré. Elle met par exemple en application des méthodes de travail qu’on voyait déjà (ou qu’on retrouvera, selon le point de vue) dans les premiers X-Men, et a droit à un développement plus intéressant que dans First Class vu qu’elle joue un rôle majeur dans cette histoire.
Naturellement, difficile de poursuivre sans mentionner Ralph Bohn- je veux dire Pietro Maximoff, incarné par Evan Peters, absolument impeccable dans le rôle. Dommage que sa présence soit limitée et qu’une partie de son infiltration est permise par quelques petites facilités scénaristiques, sans oublier une petite incohérence avec l’utilisation pourtant très poétique de Time in a Bottle (comment pourrait-il écouter le son à vitesse normale vu qu’il se déplace à une vitesse dépassant amplement celle du son), mais une fois encore : au diable les pinailleries. Grâce au jeu rafraichissant de Peters, l’exploitation efficace des pouvoirs de Pietro et la super mise en scène de Singer, on a direct droit à un des meilleurs persos et quelques unes des meilleures scènes de toute la saga, peut-être même la meilleure, l’autre prétendante étant la scène d’intro d’X-Men 2 avec Diablo.
On passera sur le reste, entre les anciens et les nouveaux venus, faisant plus de la figuration qu’autre chose, à la notable exception de Hank qui est une aide assez précieuse de Charles. Cela étant dit beaucoup ont des pouvoirs super sympas à voir à l’écran, d’autant qu’ils sont joliment mis en scène.
On pourra « regretter » l’absence de Rogue. Elle apparaît bien dans la version longue, justement nommée Rogue Cut, mais c’est comme panser un cadavre, le mal est déjà fait. Une perte à la fois significative et pas si grave que ça, compte tenu du traitement du perso à mesure que les épisodes ont défilé.
Visuellement le film est globalement très joli, même si parfois ça n’est pas toujours super crédible comme mentionné au début de cette rétro, idem pour les effets spéciaux qui ont très bien tenu la route, en particulier la scène de Pietro. Une autre scène a en revanche pris de l’âge tant elle ressemble à une animation sortie d’un Power Rangers : le passage où Erik infiltre du métal dans les Sentinelles. D’ailleurs je trouve qu’en fait les Sentinelles sont globalement peu intéressantes. Design quelconque, menace à la fois abstraite et exagérée.
Beaucoup de monde mentionne la scène du stade, mais j’ai personnellement toujours préféré celle du Golden Gate, et ça n’a pas changé après ce revisionnage. Elle me paraît tout simplement mieux foutue et gérée. Elle n’en reste pas moins ultra cool qu’on soit bien d’accord, mais je trouve celle du Golden Gate plus iconique.
En fait, ce film est un fac-similé d’X-Men 3 by Singer fusionné avec l’ADN de First Class, avec les immenses imbroglios scénaristiques que tout cela implique. Ça n’a de surcroit pas été facilité par l’envie de parler de voyages dans le temps, une approche que je trouve toujours aussi clivante, car si le film est un joyeux manège à traverser, il se repose sur des bases très alambiquées et est fréquemment malmené à cause de ça, si bien que ça rend le résultat plus nuancé.
Un film qui comporte son (gros) lot de défauts à mes yeux donc, mais que j’apprécie toujours bien assez grâce à la mise en scène de Singer, un très bon casting, quelques passages iconiques et une gestion du rythme qui rend le visionnage plaisant malgré mes reproches.