X-Men : Le temps du passé révolu et du futur qui change aléatoirement
Commençons par le commencement : ce film est une tuerie ! Parce qu'à la réalisation il y a Bryan Singer et que les plans sont maîtrisés et esthétiquement aboutis. Parce que la musique est bonne. Parce que les acteurs sont (très) bons. Et parce que la plupart des idées de scénarios sont excellentes. On a affaire à un des meilleurs blockbusters de super-héros de tous les temps.
Alors pourquoi ne pas lui attribuer le graal de Sens Critique : le 10/10 ? Eh bien, si le film était seul et ne s'inscrivait pas dans un univers de films qui contient je le rappelle la trilogie X-Men, les deux spin-off Wolverine et Le Commencement, si tout cela n'existait pas, X-Men DOFP aurait eu incontestablement la note maximale.
Je vais devoir allégrement spoiler les aboutissants du scénario pour m'expliquer donc à ce qui veulent aller le voir d'abord, retenez juste que je conseille à tous de le voir, ne serait-ce que pour le côté pur divertissement (ai-je mentionné que ce film avait des moments très drôles aussi ?).
A partir de là : [spoiler]
Si le film perd deux points dans ma notation (ce qui en fait néanmoins mon X-Men préféré), c'est pour ses incohérences, non pas scénaristiques, mais temporelles, vis-à-vis de ses prédécesseurs. Le film part en effet sur le postulat d'un futur où les mutants sont traqués et exterminés par des Sentinelles, des drones humanoïdes capables de rivaliser avec les pouvoirs issus du gène X en s'adaptant à ce pouvoir. Le moment où le monde a basculé dans cette temporalité qui aboutira au futur que l'on découvre dans la scène d'ouverture, c'est 1973, où Mystique se fait capturer par Bolivar Trask (joué par P. Dinklage), un scientifique et industriel qui se servira de son gène de transformation pour donner cette capacité d'adaptabilité aux mutants à ses Sentinelles.
Récapitulons donc. De 1973 à... disons 2050 (pour le futur), on est dans la temporalité "Sentinelles massacrant les mutants". Dans ce cas, quid de la trilogie X-Men se déroulant dans les années 2000 ? Ma thèse tout le long du film, pour m’accommoder de cela, était que la trilogie était (sera ?) ce qui se passe après 1973 une fois que le futur a été modifié et l'invention des Sentinelles rendue impossible. Thèse tout à fait cohérente, jusqu'à... la scène de fin. Jean Grey et Cyclope vivants. Et Charles Xavier, mais il y a une scène à la fin du X-Men 3 qui l'explique (en admettant que X-men 3 ait existé dans ce nouveau nouveau futur), donc je vais me concentrer sur les 2 premiers. Après avoir vu ça, je me suis dit : "non là les gars, vous avez merder". Si Jean et Cyclope ne sont pas morts, c'est qu'une bonne partie des événements de la trilogie n'existent pas dans le futur modifié et donc que les films n'ont, je grossis volontairement le trait, servi à rien. Toute l'émotion autour de Jean Grey et de sa mort, le traumatisme de Logan et ses résurgences qui ne seront vaincus que dans "Le Combat de l'immortel" : balayés. Je trouve ça de un, mal fichu, de deux, peu respectueux de la trilogie. Un paradoxe quand on sait que c'est le même réalisateur. Nier (partiellement, mais quand même) sa propre œuvre, c'est pas banal, Bryan.
Mais là, le lecteur se demande : ça a l'air très grave comme défaut, pourquoi une note aussi élevée du coup ? Et bien, parce que le manque de respect à la trilogie, excusez-moi, mais je m'en tamponne un peu. Je comprends que ça en énerve plus d'un, et à raison, mais moi, la trilogie, je ne l'ai jamais adoré (et inutile de dire que X-Men Origins était mauvais). Le Commencement, j'avais adoré par-contre. Je l'avais d'ailleurs considéré quasiment comme un reboot et je considère cette suite comme la suite de Commencement avant tout. C'est, j'en conviens, une auto-entourloupe intellectuelle, puisque le film fait lui-même la bêtise de vouloir se reconnecter partiellement aux trois premiers X-Men et avoue le faire, mais bon, je ferais avec ma propre malhonnêteté !
Parce que ce film m'a fait passer un sacré bon moment et que je lui pardonne, et que si on ne prend que X-Men First Class et celui-ci, c'est une sacrée saga qui s'amorce. Vivement 2016 et X-Men Apocalypse.