Bryan Singer n’est jamais aussi bon que lorsqu’il use de cynisme et de dérision. Voilà pourquoi son dernier film est à la limite du naufrage. L’histoire comme les personnages sont passablement banals. La seule étincelle vient de Quicksilver, ouragan de fantaisie, d’irrévérence, qui éclabousse en 20 pauvres minutes la fadeur qui l’entoure. Grotesque Wolverine, réduit à un second rôle passerelle entre deux époques. Gentil chaton qui sort à peine ses griffes émoussées. Quelle déchéance, quelle honte M. Singer de délaisser ainsi votre personnage phare, relégué au rang de pousse phrase sans saveur. Oui, il fallait se laisser charmer par les sirènes du billet vert et laisser la vedette à Jennifer Hunger Mystique ou à Peter Lannister Trask.
Honte à vous M. Singer pour avoir réduit cette équipe de mutants à de simples personnages de jeu vidéo, incapable d’aligner des dialogues cohérents, émouvants, intelligents. Non, dans le futur, on balance des jets de plasma, des torrents de glace ou des averses de déchets métalliques, on joue à Portal 2, on se téléporte et on lance des éclairs. Que tout cela est vain car il n’y a pas d’enjeu. Les acteurs eux-mêmes n’y croient plus. Dans ce futur numérique, les émotions sont les reflets d’une plaque d’aluminium polie : lisse et froide. Je vous plains Messieurs Mac Kellen et Stewart d’avoir participé à cette farce qui dénigre vos personnages au point d’en faire de simples figurants à la réplique molle et à l’utilité fantoche.
La base du scénario est d’une bêtise consternante. Comment justifier le fait de renvoyer le personnage phare de la série, Logan, dans le passé ? On invente un pouvoir à Kitty Pride pour projeter l’esprit de notre Wolvi dans le passé. Comme c’est pratique. Et voilà le lien bancal entre les anciens X-men du futur et des 70’s est tressé. Je passerais sur les incohérences du scénario, elles sont trop nombreuses. Et qu’on ne me serve pas l’excuse toute faite du paradoxe temporel. Je dis non ! La courbure de l’espace-temps n’est en rien fautive. Seule la rigueur et l’inventivité des scénaristes en sont la cause.
La pléiade de personnages n’arrive pas à camoufler la pauvreté de l’histoire et son manque de tension. Tout est prévisible, monotone jusqu’à la nausée. Chaque personnage est guidé sur son rail et n’en sort jamais. Magnéto le pragmatique qui forcement doit trahir à la fin. Charles l’humaniste qui doit pardonner et faire confiance. Wolverine qui doit traverser le film sans encombre et sans éclat. Le fauve, pathétique marionnette sans fil qui grogne trois fois, bondit quatre et invente 2 gadgets ringards pour sauver les scénaristes de la sécheresse créatrice. La télécommande en carton qui pirate le pentagone, j’en mouille encore mes draps la nuit. Mystique, nemesis bornée monomaniaque. Une schtroumpfette athlétique pour contenter le spectateur mamairophile. Pour le reste, il n’y a que des brouillons de personnages, des esquisses à peine réfléchis avec trois lignes de dialogues poussives et sans étincelles.

Bryan Singer n’a jamais été à l’aise avec les scènes d’action et il nous le démontre une fois de plus. Contrairement à Avengers où vitesse et puissance explosaient littéralement l’écran, les x-men se contente de ralentis mollassons qui cachent la misère ou d’effets numériques honnêtes mais mal orchestrés. Les combats contre les sentinelles sont brouillons, à la limite du kitch. Le personnage de Bishop est ridicule, simple porte flingue grimaçant incapable de s’exprimer autrement que part monosyllabe. La aussi le bilan est decevant. Encore une fois, seule la folie de Quicksilver et la fantastique scène d’évasion me laisse un gout de plaisir. Une fois dehors, Quicksilver retourne chez maman et tout redevient insipide. On se rend alors que cette jeunesse explosive n’a pas laissé intact les autres protagonistes. Ils nous paraissent vieux, lents, usés, écrasés par leur propre inertie.

Et que dire de cette fin pratique où Logan se téléporte du futur chinois au présent américain. Délirant. Toute la petite famille est là, même Jean Grey Et Cyclope. Comme au bon vieux temps, comme en cette bonne année 2000 où Singer nous donnait sa vision des X-men, une vision maladroite et imparfaite mais une vision génératrice d’émotions et de rêve. La boucle est bouclée. Singer termine son dernier film comme le premier de la saga a débuté Entre temps il a perdu sa part d’enfance et la capacité à réveiller celle qui sommeille en nous. Wolverine a eu la sagesse d’en appeler à Quicksilver pour remplir une mission. Puisse Bryan Singer s’en inspirer et laisser à d’autre le soin de perpétrer cette saga.
Alyson_Jensen
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le 7 juin 2014

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Alyson Jensen

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