"I'm going to count to three..."
A l'occasion de la sortie d'X-Men : Days of Future Past, et ayant déjà touché dans la trilogie originelle, je me suis dit qu'il était de bon goût de voir ce fameux préquel dont on m'avait brièvement parlé à l'époque, en bien et en mal, selon les versions. Cependant, je m'étais montré peu curieux à l'époque, et au fond, si je l'ai regardé récemment, c'était surtout en m'étant rendu compte de la présence de Michael Fassbender dans le rôle de Magneto, ce qui m'a immédiatement alléché (et sinon oui, j'assume mon fanboyisme jusqu'au bout). Et au final, quoiqu'on en pense, je n'ai pas totalement tort de penser ainsi, puisque c'est pour moi cet acteur qui fait tout le film, à peu de choses près. Car oui, X-Men : First Class est un bon film. Je n'ai pas non plus été transporté, mais ça m'a diverti et je me suis retrouvé à être absorbé sur mon écran pendant deux heures, et ça, c'est le principal pour un blockbuster. D'autant qu'il est recouvert d'un bon nombre de qualités... Du genre, Michael Fassbender ? Bon okay, j'arrête avec ça...
Commençons tout doucement avec le moins complexe à mon goût, la réalisation et la bande sonore. Si la bande originale du film n'était pas non plus géniale au point de me donner un orgasme auditif, ni de marquer les annales, elle a au moins le mérite de bien aller aux différentes situations et de bien poser une ambiance et des sentiments sur chacune d'elles (SPOILER la mort de monsieur je m'adapte pour survivre ayant réussi à m'émouvoir un tant soit peu avec un personnage pourtant assez secondaire juste grâce à une bande son appropriée SPOILER). La réalisation est quant à elle correcte, sans être unique en son genre, et encore à mon goût bien loin d'un Quentin Tarantino ou d'un Darren Aronofsky. Cependant, elle a le mérite d'être plaisante à l'oeil et correcte tout du long, avec en prime quelques éclairs de génie (le parallèle entre la tête de Xavier et celle de Shaw lors de la scène de la pièce m'a beaucoup plu dans le genre). Les effets spéciaux sont appréciables sans être extraordinaires, et les créatures plutôt bien réalisées (même si j'ai beaucoup de mal avec la tête du Fauve). Bref, ce n'est pas non plus du génie, mais c'est le niveau requis pour un blockbuster de super-héros digne de ce nom, donc l'objectif reste atteint.
Au niveau du casting, on se fait plutôt plaisir, il n'y a rien à redire là-dessus. La présence de Mickael Fassbender en est la preuve de toute façon (désolé, ça m'a échappé...), et James McAvoy est un très bon jeune Charles Xavier. Un Kevin Bacon assez intéressant aussi, bien que pas assez approfondi à mon goût. Hmm, voilà, on arrive sur l'un des points noirs du film d'ailleurs... Je suppose qu'on devait bien y passer un jour. L'exploitation des personnages est très inégale, à tel point que ce film pourrait juste être appelé "La Naissance de Magneto" que ça ne nous gênerait même pas. Bon, avec de la bonne foi, je veux bien rajouter Charles Xavier au lot, et encore. Si des personnages secondaires comme Hank ou Raven sont bien exploités, les autres font malheureusement office de douloureux remplissage. Les méchants accompagnant le gros vilain sont de véritables pantins, Azazel et Riptide ayant le droit à un temps de parole tellement court que j'ai du chercher le nom du deuxième sur Internet pour le citer autrement que comme "l'homme qui balance des tornades". Les deux hommes ont le droit à leur temps d'audience et présentent des pouvoirs plutôt badass, et c'est au final ça qui est à double tranchant : Ceux sont des méchants aux pouvoirs intéressants, mais dont la psychologie est totalement ignorée, ces deux hommes ne semblant être que des larbins puissants de Shaw (même lors du final, on a du mal à leur donner un caractère propre). Emma Frost, qui tenait un rôle de bras droit plutôt intéressant, se voit vite mise à l'écart dès la moitié du film, rangeant au placard la seule méchante secondaire un minimum développée. Et je ne parlerais même pas d'Angel, dont la trahison m'a laissé tellement de marbre que je n'arrive pas même à considérer cela comme un spoiler. Je vous le dis, ça ne choque pas du tout. Quant à Shaw, comme je le disais, c'est un très bon méchant, dont la boucle a été bouclée. Mais encore une fois, on découvre juste un méchant aux desseins diaboliques, sans réel approfondissement personnel, ce qui me semble nécessaire chez un grand vilain (ou alors il lui faut un côté mystique, et ça c'est encore moins facile). On se retrouve donc avec une équipe de méchants classes, mais juste là pour donner des méchants à combattre, et un chef des vilains qui méritait plus niveau potentiel. Dommage.
Alors, sur les gentils, je serais plus indulgent (sans doute en partie parce que c'est mieux réussi). Concernant les mutants secondaires, rien à dire : Darwin a eu une mise en valeur sinistre mais marquante, Havoc et Banshee ont tout deux eu leur moment de gloire suite à un entraînement bien présenté, et comme je l'ai dit, Hank et Mystic ont le droit à une relation intéressante et un conflit psychologique bien peaufiné sans prendre trop de temps d'audience (et la mutation totale du Fauve était intéressante de par son ironie). Par contre, les humains sont fortement rabaissés, volontairement ou non, et la seule humaine importante de l'histoire ne semble servir qu'à insérer Xavier dans l'histoire. Elle brillera ensuite par son inutilité totale jusqu'à la fin du film où elle viendra tranquillement faire le fail du siècle (et l'incohérence de toute une saga, mais on y reviendra) et poser un baiser volé sur notre Charlounet sans de relation suffisamment approfondie au préalable (du moins, à mon goût). Bref, les humains passent pour des lavettes égocentriques là où les mutants ont des sentiments. Encore dommage. Enfin, il reste les deux gros morceaux, Erik et Charles, qui représentent pour moi le gros déséquilibre du film. Même si le scénario le justifie dans la volonté, nous avons d'un côté le Magneto approfondi, avec un véritable désir de revanche, un passé poignant, et un combat bien plus ouvert contre le grand méchant. De l'autre, un Professeur X au passé calme et paisible, qui ne nous marque pas, et ne semble pas évolué d'un pouce psychologiquement. Et ça se ressent vraiment dans tout le film, Erik passant presque comme le véritable héros là où Charles est plutôt son guide. Bref, une troisième fois dommage, et pour moi, ce film aurait pu nous apporter beaucoup plus avec cette panoplie de personnages pleins de potentiels.
Enfin, le scénario. Je tenais à le garder pour la fin celui-là, histoire de. Car il y a de quoi dire, ce blockbuster nous donnant du très bon et du pas mal mauvais en même temps. Bon déjà, il est clair que ce scénario se montre bien mieux ficelé et plus réfléchi que la moyenne des films de super-héros. On a un objectif présenté rapidement, et le film seul ne présente pas de cohérence intérieure. Dans le très bon, je citerais Magneto. La relation entre Erik et Shaw est exploitée, on en voit le départ et la fin, tout revient à sa base. La scène de la pièce, qui se réfère par elle-même par sa double récurrence, offre une symbolique forte qui nous ancre dans le film, nous criant intérieurement que la boucle est bouclée. L'ambiguïté d'être un mutant est très bien transposée, nous mettant bien dans le bain pour la trilogie future, en particularité via les débats psychologiques entre Charles et Erik devant un bon vieux jeu d'échecs. Dans le pas mal mauvais, on a tout d'abord la relation Charles/Erik, qui fut ma déception en voyant le film. Si les personnages sont très bons en eux-même, et ceci malgré une meilleure exploitation de Magnéto que du professeur X, nous avons un peu l'impression que leur lien est forcé. Si leur opposition par le passé, l'idéologie est brillante, ce qui est sensé faire leur grande amitié est pour moi bâclée, on finit par avoir de grands amis en un temps de séance trop court. Bon, allez, on va dire que c'est le recrutement de mutants qui les a unis, mais même là, j'osais espérer que ce serait mieux présenté qu'une simple scène de trente secondes "Tu t'en vas ? Je te retiens pas, mais tu devrais rester, soyons potes", qui bien que fortement sympathique, me parait très légère pour une relation aussi importante que celle entre ces deux icônes de la saga. Et enfin, mention spéciale pour le deuxième gros point noir du film : Charles Xavier qui devient handicapé à la fin. Oui bon, c'est bien de vouloir nous donner une explication sur son état de santé, mais s'il vous plaît, pourquoi a-t-il fallu créer une telle incohérence ? Dans la trilogie originelle, nous voyons que Xavier a encore la possession de ses jambes bien après ces événements, lors de sa rencontre avec Jean. Sauf qu'ici, il semble être handicapé bien tôt. Bref, un défaut difficile jusqu'à correction de ce dernier (le tout nouveau a encore sa chance pour ça), mais si nous prenons les faits avec ce que nous avons, c'est une claire incohérence qui suffit à briser partiellement la contenance du film.
Pour conclure, X-Men : First Class est un bon préquel, sans aucun doute. Un bon blockbuster aussi, et un bon film de super-héros. Mais on reste bien loin des grands films de notre génération, et il restera un simple divertissement popcorn pour certains, un assouvissement de fanatisme pour Mickael Fassbender pour d'autres, avec en supplément chantilly l’amertume d'une incohérence finale qui fait crisser des dents après un film qui tenait pourtant bien son chemin. A voir maintenant si Bryan Singer fera mieux que Matthew Vaughn, avec le petit dernier de la saga. Moi, en tout cas, juste pour Mickael Fassbender, je ne le louperais pas, haha.