Avouons-le tout de suite : je sentais très mal ce film lorsqu'il fut annoncé, après un Wolverine Origins de mauvaise renommée (au point que je n'ai jamais cherché à le voir) et un troisième volet bordélique au possible. L'annonce d'un nouveau film X-Men, à plus forte raison d'une "préquelle", sentait l'opportunisme à plein nez de la part de la Fox, alors que Marvel Studios tente de construire un univers partagé autour de ses licences et attend le moindre faux pas des studios extérieurs pour récupérer leurs personnages (Sony a d'ailleurs lancé un reboot de Spider-Man pour garder la licence).
Et puis l'annonce du réalisateur (Matthew Vaughn : Kickass) et la multiplication des bande-annonces et des photos promos ont laisser présager d'un résultat plus prometteur. Après l'avoir vu cet après-midi, c'est un bon film, même si les puristes des comics vont hurler vu la libre adaptation du matériau de base et que des problèmes de continuité avec les autres films va se poser (un des mutants est dans les comics le frère d'un personnage des 3 films mais ici c'est strictement impossible, 2 personnages très proches dans cette préquelle ne semblent pas avoir de relations particulières dans la trilogie). Il y a cependant quelques clins d'oeil qui supposent que ces films sont sur la même continuité (les inévitables vannes sur la calvitie du professeur X, un mutant bien connu qui "refuse l'appel" de manière crue).
Le film raconte les débuts des X-Men et l'amitié entre Charles Xavier et Erik Lehnsherr (le futur Magneto) en 1962, sur fond de Guerre Froide et plus précisément de la crise des missiles de Cuba (qui faillit provoquer une apocalyspe nucléaire de la part des 2 Grands, qui ont su finalement faire preuve du sang-froid nécessaire). Les 2 amis sont d'accord pour sauver les mutants, mais butent sur les moyens d'y parvenir : si Charles Xavier est au départ d'accord pour travailler pour le gouvernement américain, Erik veut avant tout se venger de l'assassin de sa mère et reste marqué dans son esprit et sa chair par les camps de concentration nazis. Qui dit action dans les années 60 dit nouveau casting de mutants (la plupart des personnages des 3 premiers films n'étant pas nés) piochés allègrement dans la pléthore de personnages de la licence florissante en comics. On retrouve donc des personnages peu connus du grand public, notamment Emma Frost (dont les pouvoirs sont assez peu mis en avant : doit-on rappeler que le diamant est la matière terrestre la plus dure et que rien ne peut la briser ni même la rayer à part un autre diamant ?) incarnée par l'exquise January Jones. Kevin Bacon joue le grand méchant (peu mis en avant dans les trailers malgré la notoriété de l'acteur), même s'il passe presque au second plan face au fossé qui se creuse entre les futur professeur X et Magnéto. Il n'a de toute manière que peu de rapport avec son homologue dessiné.
Les effets spéciaux sont convaincants, les thématiques intéressantes et la fin si elle est normalement connue de tous reste poignante.
Retour en grâce de la licence après quelques errements, reste à voir si ce film va donner naissance à d'autres films, voire à un reboot.