L’annonce de la prochaine sortie cet été du nouveau Naked Gun, aka Y a-t-il un flic pour sauver le monde, m’a donné envie de me lancer dans la rétrospective des Y a-t-il un pilote… / Y a-t-il un flic…, série de films cultes que je n’avais pas encore vu.
Mon dieu que c’est bête, mon dieu que c’est drôle ! Le film catastrophe, en particulier le film de catastrophe d’avion, est presque devenu un genre en soi. Y a-t-il un pilote dans l’avion s’amure assez délicieusement à pasticher un certain cinéma de son époque (Crash Landing, 747 en péril, Depuis ton départ…).
Dès la scène d’ouverture, un plan du ciel avec les ailerons d’avions qui percent les nuages sur la musique des Dents de la mer, on sent que ça va bien se passer, on se met dans les bonnes dispositions pour bien se marrer. On pourrait même dire que dès l’affiche, cet avion qui se fait des nœuds au cerveau, on sait qu’on va pouvoir rire à gorge déployée.
Airplane ! pour son titre original (pour une fois que le titre français est mieux que le titre US !) convoque un humour délicieusement absurde, peut-être un peu plus gras que celui qu’on pourrait retrouver dans un OSS 117 de part chez nous. Première collaboration du trio de réalisateurs Jim Abrahams, David Zucker et Jerry Zucker, ils ont par la suite réalisé ensemble Top Secret ! et Y a-t-il quelqu’un pour tuer ma femme ?, et scénarisé le tout aussi culte Hamburger Film Sandwich. Puis les trois complices se sont séparés, chacun développant ses projets. David Zucker a continué avec la série des Y a-t-il un flic… et a pris le relais de Keenen Ivory Wayans pour les Scary Movie 3 & 4 ; Jim Abrahams s’est lui attaqué entre autres à Hot Shots 1 & 2 ; et Jerry Zucker a notamment réalisé le fameux Ghost de 1990.
Côté scénario, nous suivons le personnage de Ted Striker, ancien pilote d’Air Force complètement traumatisé par la guerre, qui embarque en dernière minute dans un avion pour tenter de sauver son couple avec Elaine, hôtesse de l’air. Mais, suite à la contamination des aliments du diner, le pilote, son copilote et le navigateur de l’avion de ligne tombent tous les trois malades et se retrouvent dans l’incapacité de piloter…
Le film est également hyper référencé : une bonne partie des blagues parodie des films américains des années 1960, 1970. Pèle mêle on y retrouvera de La Fièvre du samedi soir (avec la fameuse danse de Staying Alive lors de la première rencontre de Ted et d’Elaine au Magumba Bar), du Grease (les amoureux courant sur la plage sur une musique romantique), ou du Pinocchio (lorsque le docteur ment aux passagers pour leur annoncer que tout va bien). Le nom des personnages Ted Stryker et sa femme Elaine, et le scénario général autour de l’intoxication alimentaire touchant l’équipe d’un avion, sont quant à eux tirés de A l’heure zéro, film catastrophe de Hall Bartlett qui n’a pas vraiment percé en France.
Aujourd’hui, certaines blagues nous sautent aux yeux car elles ne passeraient plus du tout dans le contexte actuel. Il y a le plan de l’avion à basse altitude se frayant un chemin à travers les gratte-ciels, les deux potes blacks qui ont un accent argot tellement prononcé qu’ils doivent être sous-titrés, ou encore l’avion d’Air Israël dont le cockpit est arrangé façon juif orthodoxe avec des tresses en papillotes.
J’émettrais peut-être un seul bémol : le visionnage laisse parfois l’impression gênante de ne pas avoir toutes les refs, de passer à côté de certaines blagues, en raison des différences culturelles entre Etats-Unis et Europe. Après tout, chaque pays a son type d’humour. Certains effets comiques font référence à des talk-shows US ou à des personnalités, comme le joueur de basket Kareem Abdul-Jabbar, que je n’ai pas. Mais ces références américano-centrées sont assez vite noyés dans l’absurdité générale du film.
Y a-t-il un pilote dans l’avion est un immense succès dès sa sortie. Avec son budget ridiculement petit de 3,5 millions de dollars, et un box-office US de 83 millions (sans compter l’international), il s’agit d’un des plus gros succès du studio Paramount. Rien d’étonnant à ce que la suite ne tarde pas à être mise en chantier, deux ans plus tard.