Lorsque que l'on évoque Sydney POLLACK, le titre le plus emblématique de ce cinéaste mésestimé reste "Out of Africa". Non pas qu'il s'agisse d'un film ayant subit les affres du temps (au contraire) mais il demeure des titres autrement plus évocateurs et "Yakuza" fait partie de ceux-là. Ecrit par Robert TOWNE et Paul Schrader (excuser du peu !) la résonnance sublime de ce film de samouraïs moderne pourrait facilement convaincre les cinéphiles les plus acharnés que cette tentative fait jeu égale avec les opus indétrônables des grands Maîtres du genre. Le cinéma occidentale s'est assez fréquemment frottée à la culture japonaise par le prisme du polar. On ne compte plus les réalisateurs de renom comme Fueller (La maison de bambou), Ridley Scott (Black rain) ou en encore des artisans actuels plus modestes comme James Mangold et Barbet Schroeder qui ont immergé les spectateurs dans ce cadre exotique nimbés de délicieux clichés mettant en avant le sens de la discipline, de l'ordre, du respect et surtout des dettes morales causant quelques tranchages d'auriculaires. De ces titres et représentants les plus fidèles et appliqués, "Yakuza" est peut-être le plus excitant non seulement en terme de Cinéma pure (symétrie parfaite des décors, iconisme de Mitchum) mais également en terme de symbolisme et d'un goût fort prononcé pour la dominante chromatique rouge. Un rappel constant de cette couleur va accompagner le récit et devenir un point d'ancrage puissant pour le spectateur. Des perles de sang goûtant sur les tatouages dorsaux à la direction artistique favorisant les néons parfois saturés, la couleur annonciatrice cerne physiquement et moralement les personnages. Un climax aquatique poussera le procédé dans ses derniers retranchements donnant au spectateur un élément révélateur de l'intrigue. Une autre séquence bordera le cadre en cinémascope rappelant l'affiche du film.
Voir Pollack mettre en scène de manière gourmande les assauts des Yakuzas en dit long sur l'Amour du réalisateur pour le "Chambara". Le film de Samouraïs du cinéaste de "Tootsie", ne revêt pas les mêmes atours qu'un Kurosawa ne serait-ce que dans la flamboyance de son écriture. Pollack , éternel amoureux du cinéma hollywoodien va cannibaliser le genre tout en le respectant et y inclure toute la mythologie du polar ainsi que sa figure de grand fauve fatiguée, Robert Mitchum. Le visage plissé et les yeux pochés du colosse évoquent le passé douloureux de son personnage frustré d'un amour sans lendemain. Pivot du film, son personnage passera au second plan laissant celui de Ken Takakura bouffer l'écran dans une dernière bobine tachée de sang et sabrée par des lames finement aiguisée.
Film matriciel qui servit à nourrir "Kill bill"mais également..."Blade runner"(mais oui!!) Yakuza semble entretenir un lien avec le numéro 173 de The Uncanny X-Men voyant le personnage de Wolverine tomber amoureux de Mariko, une jeune et jolie japonaise. Hasard ou coïncidence, le dessinateur Paul Smith et le scénariste Chris Claremont couchent sur papier un succédané du scénario des duettistes Schrader/Towne. De cette consanguinité, il est quasi assuré que "Wolverine le combat de l'immortel" de James Mangold sorti voici 2 ans sur les écrans est le rejeton direct. Tiens ça donnerait presque envie de le revoir !