Bien foiré
Ce film qui aurait dû me procurer le rire et la réflexion par son concept inhabituel, ne m'a procuré que l'ennui. Très déçu. Au fond, comme Yannick ( Raphaël Quenard ), sauf que lui craque et prend...
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le 29 déc. 2023
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Yannick, le dernier film de Quentin Dupieux, est une véritable pépite cinématographique qui résonne particulièrement chez ceux qui, comme moi, naviguent dans les eaux tumultueuses de la classe moyenne basse. Cette comédie noire, enrobée d’un humour absurde et subversif, offre une heure de pur plaisir et de catharsis face à l’arrogance des classes dominantes.
Le film suit Yannick, un modeste spectateur qui, après avoir supporté une pièce de théâtre exécrable, décide de monter sur scène pour confronter les acteurs et prendre les rênes du spectacle. Ce geste audacieux, à la fois désespéré et profondément libérateur, incarne le fantasme ultime du prolo trop souvent humilié par son patron et par la bourgeoisie intellectuelle. Yannick, c’est l’anti-héros par excellence : maladroit, sincère, mais surtout déterminé à dire tout haut ce que tant de français pensent tout bas.
La force du film réside dans la simplicité et l’humanité du personnage principal, interprété avec brio. Yannick est tout ce que nous avons été ou rêvons d’être au moins une fois : quelqu’un qui ose. Oser défier l’injustice, oser s’opposer à la bêtise, et surtout, oser ne plus se taire face à ceux qui se croient au-dessus de tout. Le film parvient ainsi à toucher une corde sensible, celle du ras-le-bol d’un système qui écrase les plus faibles sous le poids de l’indifférence et de la condescendance.
Dupieux, fidèle à son style décalé et sans concession, réussit à nous faire rire tout en dénonçant subtilement le fossé abyssal qui sépare les classes sociales. C’est dans ce théâtre minable, ce microcosme de la société, que Yannick prend sa revanche symbolique sur des décennies d’humiliations subies par ceux qui ne possèdent ni les codes ni les privilèges du monde bourgeois. Le film se transforme alors en un acte de résistance jubilatoire, un « fuck » retentissant à tous les dominants qui ne comprennent pas pourquoi on ne les aime pas.
Yannick n’est pas qu’une comédie ; c’est un cri du cœur. Un cri qui, bien qu’absurde et décalé, fait écho à la frustration collective. En 60 minutes, Dupieux réussit là où tant d’autres échouent : capturer l’essence de ce qui fait vibrer les invisibles et donner une voix à ceux qu’on ne veut jamais entendre. C’est jouissif, c’est libérateur, et surtout, c’est profondément humain.
En somme, Yannick n’est pas juste un film, c’est un acte de rébellion ordinaire qui parle à tous les prolétaires silencieux qui, un jour, rêvent d’envahir la scène pour dire : "ça suffit, vous allez devoir rendre des comptes". Une œuvre à la fois hilarante et poignante, qui, sous ses airs de farce, porte en elle une véritable charge émotionnelle contre l’injustice sociale. Un vrai rêve mouillé pour ceux qui n'ont jamais forcément oser s'imposer face à la banalité de l'oppression de bourgeoise, et qui ont fini par s'en accommoder.
Créée
le 31 août 2024
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