Le slasher et son cousin le "home invasion movie" sont parmi des genres les plus rebattus de l’horreur mais qui renaît régulièrement de ses cendres à l’occasion d’un film marquant avant de s’épuiser à nouveau.Il y a eu la grande époque post-Halloween puis vint l’époque post-Scream. L’an dernier un film à petit budget fit grand bruit dans à la "séance de minuit" du festival de Toronto ou il fut acheté par le grand distributeur LionsGate. C’est donc précédé d’une flatteuse réputation qu’il arrive enfin sur nos cotes (et victime d’une classification scandaleuse lire ici) alors You’re Next se montre t’il à la hauteur?
Apres une séquence pré-générique percutante, le film s’ouvre par une réunion de famille dans une grande demeure isolée. Les Davison (Rob Moran et la revenante Barbara Crampton qui facilita le passage de la puberté pour beaucoup d’ados des années 80 qui la découvrirent dans Re-Animator !) invitent dans leur vaste maison de campagne leurs 4 enfants et leurs conjointes et conjoints respectifs à l’occasion de leur anniversaire de mariage.
Crispian (A.J. Bowen) prévient sa petite amie Erin ( Sharni Vinson) que la fratrie : Drake (le cinéaste Joe Swanberg) , sa femme Talia (Kate Lyn Sheil), sa soeur Aimee (Amy Seimetz UPSTREAM COLOR) et son boyfriend Tariq ( Ti West) et son jeune frère Felix (Nicholas Tucci) et sa copine gothique Zee (Wendy Glenn) entretiennent des relations conflictuelles qui ne tardent pas à remonter à la surface à l’occasion d’un dîner "à la Festen".Mais soudain les carreaux d’arbalète fusent et la maison est prise d’assaut par 4 mystérieux assaillants vêtus d’inquiétants masques animaliers.Dans cette maison isolée , les portables brouillés les Davison vont devoir lutter pour leur survie dans un terrible jeu du chat et de la souris.
You’re Next n’a pas la prétention de réinventer les codes du genre mais intègre parfaitement ceux peaufinés 30 ans durant par les maîtres John Carpenter et Wes Craven (James Cameron n’est pas très loin non plus nous y reviendront). Adam Wingard et son scénariste Simon Barrett leur rendent le plus beau des hommages en livrant un rollercoaster avec une galerie de personnages intéressants, des retournements de situation,une survivante résolument bad-ass et des masques iconiques à ajouter au hall of fame des slashers!
Comme dans les montagnes russes une fois atteint le premier plateau ,les personnages et leurs relations mise en place la mécanique se déroule ne nous laissant plus aucun répit. Wingard parvient à maintenir la tension tout au long du film ponctué d’éclats de violence (du gore qui reste bon enfant avec une utilisation inédite d’appareil ménagers) , il injecte de l’humour mais qui ne désamorce jamais la tension et orchestre avec maestria les renversements de la seconde moitié.
Malgré un petit budget Wingard ne cède pas de terrain sur la partie formelle il tire le maximum de son décor naturel et multiplie les longs travellings fluide à la steadycam alternant avec des séquences nerveuses caméra aux poings.Sa connaissance du genre influe sur ses choix, il joue avec les attentes mais tord suffisamment la formule pour les spectateurs les plus blasés jusqu’à la toute dernière scène.
Le film baigne dans une musique électronique angoissante au carrefour de celles de John Carpenter et de la partition de Brad Fiedel pour TheTerminator. Cameron est cité plus d’une fois en particulier dans un plan iconique ou un assaillant masqué émerge au ralenti de cadre d’une fenêtre alors que la survivante est à terre.
Le personnage de la "dernière survivante" justement , vraie vedette du film doit beaucoup à la Sarah Connor du "King of the World" l’actrice Sharni Vinson est impeccable de bout en bout lui donnant un sang froid rafraîchissant.L’anonymat des autres acteurs tous excellents participe à la tension du film , on ne peut deviner leur sort par avance.
Le réalisateur est fasciné par l’empreinte que laisse les sélections de chansons dans les films de Tarantino en particulier ces morceaux des années 70 qui sonnent tels des tubes mais qu’on a jamais entendu.Lui est ses compositeurs ont déniché une perle inconnue de 1977 : Lookin for the Magic par Dwight Twilley Band et je vous promets que quand vous aurez vu le film vous n’aurez qu’une envie l’écouter à fond …et en boucle!
Si You’re Next ne révolutionne pas le genre il offre au fan un ride ultra efficace , brutal avec des tueurs masqués impitoyables, des twists et la survivante la plus bad-ass depuis Sarah Connor !