Le cadre du film, un hôtel luxueux au milieu des Alpes, est comme un purgatoire, avec des expériences de mort imminente et des esprits au crépuscule de leur vie. Les bilans individuels qui s'amorcent chez les principaux protagonistes évoquent une œuvre un peu chorale, souvent drolatique, malgré des imprévus, des déconvenues, des renoncements, au point qu'on se demande pendant une bonne partie ce qui justifie sa qualification officielle (drame.) Ce ne sera plus le cas avec sa fin, surprenante à plus d'un titre, dont on peut se poser la question de la crédibilité, mais qui a du sens et qui engendre une prise de conscience salvatrice de la part du personnage central. Sur la forme, les corps nus, les peaux vielles et atoniques, les formes pleines de jeunesse et de sensualité, sont mis en avant de manière graphique. Les plans sont globalement impeccables et achevés avec un soin particulier. La relative longueur (2 h 04 min) est justifiée car le réalisateur tient son propos de façon constante avec des choses intéressantes à nous dire, à nous suggérer. Si l'ensemble est assez épuré, le tout est plutôt polysémique. Les personnages apportent chaque fois un élément au récit qui fait mouche, et ont ce point commun d'être globalement ici pour une échappatoire, une refondation, avec comme objectif ultime de retrouver ou non un élan vital. Le casting est irréprochable, et offre des performances sobres et des états d'âmes qui sont souvent exprimés avec finesse et subtilité. Ce sont des questions ordinaires qui sont posées, sur l'identité, l’inéluctabilité du temps et ses fatalités, ce qu'on a accompli et ce qu'il nous reste à faire, les priorités à revoir, les remords, mais avec des particularismes, parfois fantastiques, improbables (un homme en lévitation, un Diego Maradona en surpoids qui peut jongler avec une balle de tennis de façon surréaliste, mais aussi des scènes qui semblent hallucinatoires, ou en tout cas allégoriques) le tout dans un environnement 5 étoiles. Une réussite étonnante donc, à la fois cérébrale et poétique, quelquefois testamentaire, qui peut contenir beaucoup de lectures au premier degré mais aussi des licences artistiques, propres au 7ème art. Une originalité qui ne fait jamais perdre le spectateur dans des considérations hors piste, avec des traits d'esprits ayant quelque chose de spirituel et par moment presque métaphysique.