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Que Paolo Sorrentino irrite les professionnels comme le public n’est pas tellement surprenant. D’autant qu’avec Youth, le réalisateur, bien qu’il se soit un peu calmé, est toujours dans l’optique avouée de faire renaître le cinéma d’auteur italien de la grande époque, ce qui a tendance à engendrer des réactions négatives, le jugeant prétentieux. Ainsi son nouveau film est le prolongement de La Grande Bellezza, une sorte de film-testament d’où ressortent de nombreuses thématiques, dont une prend plus de place que les autres : le beau. Un sujet bien sensible car l’idée du beau peut être perçue de bien des manières, à la fois dans l’idée comme dans la représentation. Pour Sorrentino, les choses sont claires : « Pour moi, le beau et le vrai vont ensemble. Même dans les choses horribles, terribles, mais qui sont vraies, se cache toujours de la beauté… » (Le Figaro, 2015) Un credo auquel l’auteur se tient, car il filme tout ses personnages sous le même point de vue, à la fois observateur mais aussi professeur, décelant dans ses personnages leurs possibilités futures. De la sorte, Youth est un plaidoyer humain qui se complaît dans l’idée que chaque mouvement ou acte est empli de beauté. Mais que chacun s’évertue à la cacher ou à la travestir par peur du regard des autres. Allant même jusqu’à oser confronter sa vision de la beauté aux traits d’un Hitler que Paul Dano base sur chacun des résidents de cet hôtel suisse, Sorrentino est jusqu’au-boutiste quitte à paraître un peu ridicule dans une scène de symphonie des cloches, trop opportuniste pour être crédible.
Du point de vue plastique, son film est tout aussi beau que le précédent, mais pas pour autant mouvementé et référentiel. Il se concentre sur ses personnages plutôt que sur ce qui les entoure, et mets en avant la spécificité de chaque être humain, en les plaçant au centre ou au bord du cadre. Youth est très plaisant à regarder parce que c’est là même qu’on trouve son but, parce qu’il fait du corps un tableau et qu’il aime à le présenter comme la somme de tout ce que nous sommes. En quelque sorte, un moyen pour Sorrentino d’exorciser les peurs de la vieillesse, qui entraîne avec elle l’oubli de soi et de l’image que les autres avaient de nous.