Basse couture

Aller voir un biopic sur un mec qui ne nous intéresse pas forcément est toujours quelque chose d'assez délicat. Finalement, on va le voir comme n'importe quel autre film dont on ne saurait rien avant la projection, avec éventuellement la perspective d'en apprendre un peu plus sur la personne, et parfois ça fonctionne (j'avais plutôt apprécié le biopic sur Claude François), mais d'autres fois non.

On remarque assez vite que, si les décors et les costumes sont tout bonnement irréprochables (encore heureux quand on sait que certaines robes authentiques d'YSL ont été sorties de leurs musées exclusivement pour le tournage), la mise en scène de Jalil Lespert est en revanche aussi plate et froide que du marbre. Rien que cela empêche déjà de nous sentir impliqués par le film, comme si Lespert prenait un soin maladif à constamment nous laisser en dehors. Mais cela ne peut que rejoindre l'autre problème majeur du film ; paradoxalement (étant donné que le film est chiant comme la mort), tout va beaucoup, beaucoup trop vite. Les événements défilent sans que nous ayons le temps de les appréhender, le film ne prend jamais le temps de créer une once d'émotion ou d'implication, il ne reste finalement qu'à la surface, dans une sorte d'objectivité artificielle agaçante et dans le récit (inintéressant) du début à la fin.
Ce qui vient donner un minimum d'intérêt au film sont les incroyables performances de Pierre Niney et de Guillaume Gallienne, formidables tout au long du film.

Bien que cette première vision de la vie d'YSL ne m'ait absolument pas convaincu, j'attends tout de même de voir ce que va nous proposer le réalisateur de L'Apollonide (Souvenirs de la maison close) en octobre qui, je l'espère, parviendra à combler le manque total de personnalité de Lespert en tant que metteur en scène. Je souhaite en revanche bon courage à Gaspard Ulliel pour faire un meilleur (voir un aussi bon) Yves Saint Laurent que Pierre Niney.