"Derrière chaque grand homme se cache une femme" dit un proverbe arabe.
Dans l 'ombre du génie Yves Saint-Laurent, se tient virilement la silhouette le Pierre Bergé, Ange Protecteur avisé en affaire, tyrannique, et follement amoureux du feu follet fragile et virevoltant, bien décidé à ne plus le lâcher une fois pris dans ses filets, lui pardonnant ses incartades autant que faisant le vide, le protégeant des autres autant de que de lui même.

Le film démarre vraiment avec leur rencontre, comme si avant chacun s'était cherché avant de se trouver enfin. Et il sonne comme une ultime déclaration d'amour, un adieu de Pierre Bergé à celui qui fut l'homme de sa vie.

Jalil Lespert s'est fait bouffé tout cru par cet homme auquel nul n' a semblé jamais capable de dire non. Il ne lui a pas seulement prêter les collections YSL , il lui a dicté l'angle selon lequel bâtir le film.

Enfin est reconnu le rôle inestimable de l'homme de l' ombre, sans qui le créateur ne serait resté qu'un autiste trituré du dessin en proie à ses démons, indifférent aux autres autant qu' à la guerre d'Algérie, Mai 68 et caetera...

Un type assez pitoyable, coureur, collectionneur, passant son temps à s 'amuser pour combler son ennui entre deux collections, trompant sa solitude en s' entourant d'une cour de jouets et de bouffons, pauvre artiste séminariste à l'air minet réajustant ses lunettes sur son nez se muant sous nos yeux en papillon décadent post beatnik.

Jusqu' au bout, il nous reste étranger, un peu moins qu'un mystère ( hélas) à propos duquel je me suis demandé et me demande encore s'il a vraiment aimé Pierre Bergé ou si petit oiseau fragile jeté dans le grand bain de la haute couture, il ne s'était pas accroché à lui pour se consacrer à sa passion, incapable ensuite de le quitter au risque de sombrer.

Le plus beau est leur rencontre, le reste n'est que couple devenu partenariat gagnant-gagnant, et le film devient l'histoire d'une "success story" contrebalancé par la chute intime d'YSL.
On se trompe ou iI y a du Mad Men dans ce film? Le même souci de l' élégance, des plans soignés comme des tableaux, et par petites touches, détails éclairants, répliques fulgurantes, la révélation de la Vérité du personnage: il préférait ses robes à celles qui les portait. Les femmes ne sont rien que des mannequins tout juste bonnes à le servir et à se faire jeter.

Sauf que le personnage Yves Saint-Laurent reste un poids plume à côté de Don Draper et l'on en revient au véritable héros du film, amant, ami, pygmalion, factotum, maman, papa du petit Yves..; L'ombrageux Pierre Bergé.

Reste que le film gardera trace en moi, par la grâce de l' interprétation du couple Niney/Gallienne.
Pour les acteurs en herbe, observez leur travail de composition, il est tout simplement extra-ordinaire....

Pierre Bergé encore et pour finir, je me suis dit après une discussion sur le film, qu'il ne devait pas être mécontent d'avoir contribué à une œuvre mettant en scène l' amour entre deux êtres du même sexe. Cela va finir par devenir d'un banal...

Quant à toi Jalil, trop sage tu as été, lâches toi la prochaine fois....
PhyleasFogg
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le 18 janv. 2014

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le 19 janv. 2014

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PhyleasFogg

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