La première phrase est explicite et marquera les esprits : « Toute ressemblance […] est volontaire. » Point de départ caustique qui donne l’aspect dénonciateur qu’aura le film et, plus globalement, la totalité de l’œuvre filmique et politique de Costa-Gavras.
Z quant à lui est peut-être plus facile à voir que les autres films du réalisateur ; en multipliant les personnages, en prenant de multiples points de vue (notamment celui prédominant des « méchants » dénoncés) et en le traitant avec un ton tragiquement caustique, Costa-Gavras donne à son film de vrais accents comiques (comment ne pas rire face à certaines excuses et alibis, si absurdes ?) et un dynamisme qu’une mise en scène et un choix scénaristique mettent en valeur. Resserrant sont intrigue sur une soirée mouvementée et sur l’enquête passionnante qui en découle, le réalisateur fait le choix d’une mise en scène dynamique, fluide, sautant avec aisance de personnages en personnages, percluse de flash-backs et d’un même récit raconté selon différents points de vue, tous plus ou moins mensongers. On est donc loin de la froideur d’une enquête policière distanciée dont pouvaient être l’objet de nombreux films de cette époque. Costa-Gavras dynamise ici tout avec une mise en scène d’une modernité, d’une nervosité et d’une rapidité ébouriffantes articulée autour du récit resserré d’un événement particulier ; intelligence d’un scénario à l’écriture très fine qui joue avec les ambiances et les émotions (autant le rire, le dégoût, la déception, l’agacement que la peur parfois, notamment lors des scènes de violence lors de la manifestation pacifiste menée par Z dont on connaît l’issue violente) et déroge aux codes froids de son temps pour proposer, à l’aide de petits portraits de vie en apparence futiles, une véritable proximité avec ses personnages. Le tout se conclut en apothéose ironisée par une victoire de la démocratie et d’un Jean-Louis Trintignant tout en droiture malsaine sur un régime dictatorial qui ne s’identifie pas officiellement comme tel.