Après son thriller Blow Up (1967) pour lequel il reçut la Palme d’Or lors du 20ème Festival de Cannes et bien avant Profession : Reporter (1975), Michelangelo Antonioni change de registre pour critiquer ouvertement la société Américaine des années 60, au moment même où ont lieu de grands bouleversements, tels que les manifestations d’étudiants sur les campus universitaires ou encore l’avènement de la contre-culture avec notamment le mouvement hippie.
Antonioni découpe son film en deux parties bien distinctes, la première commence comme un documentaire, caméra à l’épaule, au cœur de Los Angeles où gronde la contestation dans les milieux universitaires. Puis la seconde partie, c’est tout autre chose puisqu’il s’agit d’un road-movie métaphysique où il suit le parcourt aventureux deux de jeunes, assez différents l’un de l’autre.
Pour son premier film américain, le réalisateur italien dresse ici un portait amère d’une Amérique contemporaine, chantre du consumérisme. Une œuvre qui ne laissa personne indifférent à sa sortie (le film fut un échec cuisant avant de gagner ses lettres de noblesse et d’accéder au statut de film culte au fil des décennies). Un film d’une rare beauté plastique & crépusculaire, la superbe photo de Alfio Contini et ces somptueux décors (la vallée de la mort et le désert de Mojave). Les kilomètres défilent sous nos yeux, nous laissant entrevoir des plans de toute beauté (notamment les plans aériens, l’orgie poussiéreuse dans le désert et bien évidemment, l’explosion finale au ralenti). Un road-movie minimaliste (une économie de dialogue), le tout, magnifié par une B.O. aux accents rock (avec entre-autres les Pink Floyd et les Rolling Stones).
Michelangelo Antonioni nous livre une réflexion intéressante sur les États-Unis et son avenir, à travers une œuvre pessimiste qui dérange et ne laisse pas indifférent. D’un côté les étudiants qui se révoltent, de l’autre la libération sexuelle, la contre-culture et le capitalisme, tout cela vient s’entrechoquer pour au final, donner lieu à un final de toute beauté et parfaitement inattendu.
(critique rédigée en 2008, réactualisée en 2021)
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