L'existence même de ce director's cut de Justice League est un événement en soi : il y a ceux qui seront heureux de voir enfin une œuvre dans la continuité de Man of Steel et Batman v Supeman : l'Aube de la Justice en terme de tonalité, il y a ceux qui s'étonneront/s'inquiéteront qu'un grand studio se plie aux exigences de fans (même si on peut également y voir : HBOMax = besoin d'abonnés = besoin de produits d'appel = tournages ≠ pandémie) et enfin, il y a ceux qui seront tout simplement ravis que Zack Snyder, après la tragédie qui l'a percuté, puisse achever sa vision de l'œuvre.
Moins tragique, cette version pose aussi des questions éthiques sur la politique des studios qui, pour l'amour du Dieu dollars, sont capables de lacérer un film pour le transformer en vulgaire produit de consommation. Et d'un pur point de vue cinématographique, le film pose la question du montage, de la narration, de la tonalité, qui peut changer foncièrement son identité, parce que oui, avec la même histoire, on peut faire un film totalement différent et c'est ce qu'a prouvé Zack Snyder.
Globalement, Zack Snyder's Justice League raconte la même histoire que le film de 2017 : des méchants veulent envahir la Terre et des super-héros se liguent pour les contrer, sauf que là, on change carrément de scope, on est dans une aventure épique digne du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson, avec des personnages dont les enjeux et les obstacles aussi bien physiques que psychiques sont beaucoup mieux présentés à l'écran, malgré les quatre heures, le film est fluide, toujours passionnant à suivre, même les scènes que l'on connait déjà tant elles sont ici mieux exploitées qu'avec Whedon. Et surtout, il y a cette thématique de Dieu parmi les Hommes qui était déjà présente dans MoS et BvS que l'on retrouve exploitée de manière toujours aussi intelligente.
De plus, et là, c'est le fan de Snyder qui parle, j'ai passé à peu près quatre heures balloté entre différentes émotions : frissons, les yeux embués, redevenir un gamin le temps de quelques scènes d'action dantesques avec la bouche bée, c'était un festival. Mais c'est surtout le fait que le film est souvent émouvant, probablement le plus émouvant de la carrière de Zack Snyder tant ce film parle de la perte des êtres aimés et du deuil qui s'en suit (qu'il a tourné avant la mort de sa fille, mais qui prend une nouvelle résonnance ici), et c'est aussi avec ce film que l'on se rend compte que TOUS les personnages se construisent à travers leur drame familial et leur rapport au père ou à la mère.
Et à cela, on peut ajouter que toutes les scènes, en plus d'être visuellement cohérentes entre elles, sont davantage passionnantes avec des dialogues sérieux qui servent intelligemment le propos, sans oublier quelques pointes d'humour bienvenues et étonnement beaucoup mieux amenées qu'auparavant (la scène d'intro de Barry Allen est un modèle). Sans oublier cet aspect badass que j'aime tant chez le réalisateur de 300 et qui sied parfaitement au casting, absolument génial ici et juste pour le plaisir de les citer : Gal "Wonder Woman" Gadot, Ezra "Flash" Miller, Ray "Cyborg" Fisher (la révélation du film, trois ans après sa sortie initiale), Jason "Aquaman" Momoa, Henry "Superman" Cavill et Ben "Batman" Affleck.
Bref, une conclusion épique à la trilogie Snyder chez DC qui certes, ouvrent des pistes pour une suite que l'on aura peut être jamais - même s'il ne faut jamais dire jamais, ce film en est la preuve - mais pour moi, même si je supporte à fond le mouvement #RestoretheSnyderverse, je suis satisfait de ce que propose Zack Snyder's Justice League qui offre des arcs narratifs à ces personnages mythiques, presque mythologiques, et qui le seront à part entière grâce au dévouement et au talent de son metteur en scène!!