Et voila Zack de retour aux commandes de son bébé, Justice League, il fallait bien 4 heures pour développer l'arc narratif de tous ces personnages, notamment Cyborg dont la plupart des scènes avaient été sacrifiées dans le précédent. Pour faire passer ce qui paraissait déjà très indigeste, Zack décide de fractionner son film en six chapitres et un épilogue, et de soigner son montage ainsi que la bande son plus transcendante.
La copie de Joss Whedon était trop vite expédiée, Justice League devait au départ s'étaler sur deux voire trois films. Zack Snyder réalise une version très étoffée à la limite du format de la mini-série, réutilisant chaque morceau de tournage, en prenant soin de retirer les re-shoot de Whedon pour en re-filmer d'autres. Si bien qu'avoir vu Man of Steel, Batman vs Superman, Wonder woman et Aquaman, demeure indispensable pour s'y retrouver un minimum, il y a même quelques easter eggs avec Martian ManHunter...
Avec de nombreuses cinématiques façon jeu-video, Justice League est-il un film en lui-même, ou un simple assemblage de scènes de super-héros stylisées ? Verra-t'on à nouveau un Watchmen dans la cohérence et l'attractivité de l'ensemble ? Justice League était-il adaptable au final, la Warner a t'elle été dépassée par ses ambitions ?
L'histoire est globalement la même, mais quelque chose a changé dans l'emballage, il y a enfin cette patte Snyder envoûtante sublimée par une bande son plus en adéquation. Le film nous replonge directement à la fin de l'affrontement avec Doomsday, le cri de douleur de Superman ayant réveillé les Motherboxes à travers l'univers... Puis nous retrouvons Bruce Wayne à la recherche d'Arthur Curry, cette scène auparavant comique, revêt à présent un ton grave et lyrique agrémenté d'un chant islandais. Certains effets ont été retravaillés comme l'apparence de Steppenwolf vêtu d'une armure mouvante à pics. La course-poursuite sur Themyscira avec les Amazones, pourtant quasiment identique, prends davantage d'ampleur du fait qu'elle est mieux introduite, un côté épique venu de l'antiquité qui n'est pas sans rappeler 300.
Le Zack Snyder's Cut n'efface pas totalement ce sentiment d'overdose qui émanait du premier, trop d'événements dramatiques tue l'événement dramatique, mais comble quelques frustrations, notamment celle d'une œuvre compromise et inachevée. Aux oubliettes cet humour mal dosé qui n'a pas sa place dans l'univers sombre de DC, le premier chapitre nous transporte bien mieux dans l'histoire, celle des cubes, de manière plus posée et graduelle, évitant l'erreur de Whedon de tout mettre sur la table, tel un enfant gâté, dès les premières minutes. Le fait de présenter Darkseid en chair et en os satisfera les fans, la scène grandiose du flashback où il est introduit au cœur du conflit, en lieu de place de Steppenwolf, est pertinente. Les enjeux sont plus clairs, même si nous savions déjà qu'il œuvrait en coulisses.
J'y ai cru surtout au début et vers la fin, ces deux parties ayant été grandement améliorées, mais l'un des défauts du précédent demeure. Des lourdeurs en cours de route, qui entraînent quelques difficultés à s'attacher à l'histoire. Même si certains personnages, en particulier Flash et Cyborg, voient leurs rôles plus développés, on cherche quelle alchimie relie cette 'League' formée à la hâte. Bruce Wayne glane les membres de son équipe dans une succession de scènes parfois télescopées cassant le rythme de l'ensemble, obligeant un "chapitrage" un peu forcé de l'auteur, sorte de parade à un manque de fluidité dans la narration plutôt que découlant d'une réelle intention. Il y a un peu du Georges Lucas, dans cette manière de retravailler son film et de remettre en perspective sa vision.
Cette version réussit malgré tout à relancer l'intérêt et la curiosité pour la franchise, dans une scène épilogue très ouverte faisant écho à celle de Batman vs Superman, le fameux 'Knightmare'. Doit-on nécessairement bouder son plaisir, lorsqu'un réalisateur décide d'être aussi généreux et de tout donner y compris des passages dispensables ? C'est loin d'être un coup d'épée dans l'eau, dans le pire des cas, cela rattrape le semi fiasco du premier JL et plus récemment celui de WW84.