D.C. a été moins rapide que Marvel puisque 5 années séparent le premier Avengers de sa copie, du moins la première version : Justice League. Comprenez sans trop de surprises qu'une bande de super héros, ça reste quand même 'achement bancable.
Après Tony Stark, au tour de Bruce Wayne de s'évertuer à créer une alliance nécessaire à la survie de l'humanité face à une force extra-terrestre. Oui, on est dans la redite, mais avec une différence de style marquée.
Si Marvel jouait plutôt la carte de la déconnade tout public dans une joute d'égos perpétuelle et en insistant sur la difficulté de créer une super team avec des super individualités, la tâche est toute autre pour Batman et Wonder Woman puisqu'ils passeront la majeure partie de leur temps à se démener pour embarquer du monde dans leur croisade. Une situation qui permet de prendre le temps de revenir sur les deux personnages et d'en présenter d'autres (Aquaman, Flash, Cyborg) avant qu'ils ne forment la Justice League.
Vous me direz, en 4 heures, ça aurait été dommage de faire ça à la va-vite et pour le coup, aucun d'entre-eux n'est laissé de côté.
Tout n'est pas parfait pour autant et le caractère un peu stéréotypé des personnages est parfois mis en avant sans aucune subtilité. On a bien compris à travers ses répliques un peu lourdes dans certains dialogues téléphonés que Wonder Woman est la féministe du groupe quant à Flash, il porte la lourde tâche d'être le comique de service destiné à faire redescendre un peu la pression.
Alors que chacun se découvre, les enjeux se mettent en place doucement mais surement à l'aide de flashbacks. Pour autant, les raisons de la menace nouvellement réveillée manque légèrement d'explications. Comme pour Batman v Superman, Zack Snyder démarre son film par la fin du précédent en nous plaçant sous un autre angle destiné à faire le lien entre les deux.
C'est ainsi qu'on revoit la mort de Superman avec cette fois, la portée de son super cri de douleur lorsque Doomsday lui transperce le cœur. Les ondes créées par sa voix résonnent donc tout autour du globe et réveillent les boîtes-mères, ces drôles de cubes qui sonnent l'invasion prochaine de la terre par une super-puissance extra-terrestre.
Sans possibilité de comparer avec la version précédente, les critiques lues dressaient le portrait d'une V1 manquant cruellement de corps et de cohérence. Les divergences entre le studio et le réalisateur et le fait que le second dut se retirer du projet pour des raisons personnelles n'arrangèrent en rien la post-production, confiée à Joss Whedon sous la houlette de la Warner qui souhaitait une rupture avec le ton jugé trop sombre de L'aube de la justice. Accessoirement, cette envie de fun et de lumière est aussi une des raisons pour lesquelles Suicide Squad est un superbe raté.
Donc Zack, supporté par ses fans et par tous ceux qui ont pu être déçu par le résultat chaotique du film, reprend les rennes de son scénario et rejoue/monte/fait ce qui aurait du être sa vision. Une expérience de droit à l'oubli qui n'a que peu de précédents. Je suis obligé de citer pour la filiation Superman II: The Richard Donner Cut. Le film sorti en 1980 est repris pour arriver en vidéo en 2006 dans une version revue par le réalisateur. Suite à quelques recherches, je découvre que Les Rapaces, un film de 1924, avait déjà souffert du fossé entre les intentions du réalisateur et celle du patron de la MGM.
Mais est-ce véritablement une bonne chose ? Car oui, qui dit "on recommence" dit forcément "en mieux" sinon à quoi bon ?
S'il souffre un poil de sa longueur, ce director's cut n'en reste pas moins à mes yeux un film intéressant car il ne consiste pas uniquement à nous en mettre plein la gueule. Snyder intègre directement toute une mythologie au sein de son film là où Marvel préfèrait développer ses personnages unitairement avant de les unir dans un joyeux bordel. L'attention portée à chacun d'entre-eux permet de les faire exister indépendamment sans véritablement créer de joutes d'égos visant à faire de cette épopée un buddy moovie. Tout ne parait pas forcément nécessaire mais ça fonctionne suffisamment
(les problèmes identitaires d'Aquaman, la résurrection difficile de Superman).
Sur la forme, dans toute sa réappropriation, Zack nous fait du Zack, c'est à dire qu'il continue d'étaler un symbolisme presque mystique, des figures christiques, et des ralentis aguicheurs entre éléments brisés et matière déchaînée. Flash est d'ailleurs une aubaine pour le réalisateur qui peut exploiter pleinement sa passion en décortiquant les mouvements logiquement imperceptibles du bonhomme.
Pour ma part, la sauce prend et malgré les tours et les détours, mon attention et mon indulgence n'ont que très peu souffert du format proposé.
Personnellement, j'aime ce caractère plus sombre et désenchanté à l'origine du fiasco initial. J'aime qu'on n'essaye pas de rendre tout le monde fun et sympathique pour garder le sérieux nécessaire à ce type de situation.
Superman est mort et on est face à un risque majeur pour l'humanité. Faudrait voir à pas trop déconner quand même !
Sans être mémorable, Zack Snyder's Justice League est donc un film indéniablement ambitieux et tout aussi casse-gueule qui s'incrit dans le prolongement des précédents D.C. Pas de quoi s'enthousiasmer outre mesure mais on est dans une constance de ton qui plaira à ceux ayant déjà apprécié les précédentes réalisations. Un film qui demande du temps et qui ne manquera pas de diviser, ne serait-ce que par le ratio durée imposée/plaisir procuré.