Inspiré de l'opération militaire ayant abouti à la mort d'Oussama Ben Laden en 2011, Zero Dark Thirty n'est pas vraiment un film de guerre, mais le portrait d'une femme, admirablement jouée par Jessica Chastain, obnubilée par sa tâche.
Telle une Carrie Mathison de la série Homeland, elle traque sans relâche les moindres indices, assiste à des tortures, tout est bon pour récupérer la moindre information. Il faut rajouter l'excellent casting composé par Jason Clarke, James Gandolfini, et le formidable Reda Kateb (il joue le premier arabe torturé) qui, en quelques minutes, crée un personnage très touchant, d'homme qui vit dans la peur de divulguer ses secrets et de celle de son geôlier, qui a l'air de se plaire dans le rôle du tortionnaire.
Je ne sais pas si le film relate avec justesse ce qui s'est passé en 2011, mais on vit dans une tension permanente, où le danger règne partout. Le clou étant atteint par l'invasion de la maison où se cache Ben Laden, qui est un modèle d'efficacité. Aucune musique, scènes souvent filmées en vision thermique, jusqu'au moment de l'assaut final, qu'on entend, mais qu'on ne verra pas. D'ailleurs, Ben Laden ne sera pas clairement montré à l'écran, ou par un écran d'appareil photo, mais de manière trouble.
Mais, d'une certaine façon, j'apprécie le talent de Kathryn Bigelow à ne pas se répéter après Démineurs, et elle a l'air d'adopter le point de vue de Jessica Chastain, modèle d’opiniâtreté. D'ailleurs, le film est au fond assez peu spectaculaire, il est surtout question de recherche d'infos, de tactiques, ce qui le rend très intéressant, en plus d'une certaine sobriété dans le propos (la musique d'Alexandre Desplat est très discrète).