I shot the third floor guy
Les Etatsuniens sont merveilleux. On peut les juger sur un grand nombre de choses répulsives, ils ont une grande qualité qui manque par chez nous : ils ont une étonnant capacité à traiter de questions extrêmement vives dans un délai très court. Quand en France on met 40 ans à réfléchir sur la guerre d'Algérie et à la porter au cinéma dans une dimension critique, eux sont fichus de pondre un film qui sort en salle un an et demi après sa conclusion.
Dans Zero dark thirty (il faut comprendre 00:30, langage spécialisé oblige), Kathryn Bigelow nous présente un regard neutre sur la traque d'OBL sur une décennie. Quand je dis neutre, je dis que l'oeil de la caméra et les dialogues ne jugent pas. On nous présente des faits, des logiques, des techniques. Les personnages affirment leurs opinions sans que cela fasse office de prosélytisme vis-à-vis du spectateur. La CIA a torturé des djihadistes ? On nous montre la torture sans la dénaturer.
Neutre.
L'autre point pour lequel Bigelow et son équipe doivent être félicités, c'est pour la qualité de la photo. C'est très beau, les images sont d'une grande élégance et d'un grand réalisme.
Les acteurs (thumbs up à Jessica Chastain) campent des personnages crédibles (c'est le moins pour un film basé sur des rapports de faits réels) ; dans la même logique, les dialogues sont particulièrement obscurs par moment, utilisant à foison termes techniques et références qui pour moi restent incompréhensibles.
Après, le reste... ben c'est long, c'est lent. La mise en scène est mal servie par un montage poussif qui rend les 2:30 de film parfois pénibles. Et le scénario n'est pas plus passionnant que ça, en raison de sa nature d'observateur neutre de faits déjà largement couverts par les médias.