Zero Dark Thirty par Olivier Paturaud
Le cinéma américain politique s'était endormi sur ses lauriers dans les années 2000. Face au désordre mondial généré par Georges W. Bush, il avait cru devoir nous donner des leçons de morale pour un résultat très mitigé voire médiocre (Syriana, 9/11).
Zero Dark Thirty rétablit notre confiance dans la capacité du cinéma américain à inscrire quasi en temps réél son histoire dans la légende. La solution ? faire vraiment du cinéma.
Zero Dark Thirty raconte donc la traque de Ben Laden menée par un groupuscule de la CIA tenue à bras le corps par la seule détermination d'une jeune femme, interprétée par Jessica Chastain.
Le film est découpé en chapitres qui résument en 2h30 les 8 années de l'enquête qui ont mené au chef terroriste. Après une introduction à couper le souffle (les scènes de torture qui font inutilement polémique aux USA), le film présente ensuite la traque comme un quête obsessionnelle et vaine (un responsable de la CIA finit par avouer en 2008, avec la reconstruction d'Al Qaïda, que Ben Laden n'est plus un enjeu prioritaire, les indices se réduisent au fil de la projection...). Il investit alors tour à tout le film d'espionnage, le thriller à l'efficacité redoutable et un beau portrait de femme (belle ironie que la fin du fondamentaliste soit organisée par une femme...).
Débarrassé de tous les clichés du genre, ni patriotique, ni moraliste, Zero Dark Thirty atteint son point d'incandescence dans la dernière heure. L'assaut final est un morceau d'anthologie d'une puissance inédite depuis longtemps dans le cinéma de ce genre.
Hautement recommandé, Zero Dark Thirty restera comme une proposition brillante, adulte et moderne de cinéma d'action.