Nuit du 1er au 2 mai 2011, Pakistan. Un commando des troupes d’élites américaines, les Navy Seals, passe à l’assaut d’une forteresse habitée de la région d’Abbotabad. La raison ? Une très (très) forte probabilité pour que l’ennemi public numéro 1 des États-Unis et des puissances occidentales en guerre contre le terrorisme s’y trouve. Oui, Ossama Ben Laden. OBL pour les intimes.
L’analyse du film nécessite inévitablement un retour en arrière. 10 ans auparavant les États-Unis connaissent l’une des plus sanglantes attaque jamais portée sur le sol américain. Nul doute que chacun se souvient encore (et pour toujours) de l’endroit exact où il se trouvait et de ce qu’il faisait le 11 septembre 2001 quand les chaînes d’info internationales se sont affolées devant l’ampleur de cette horreur sans précédent. Comment oublier ? Depuis ce jour, les USA et le monde occidental sont en guerre contre le terrorisme. Et depuis la sortie de Zero Dark Thirty, c’est à travers les yeux de Kathryn Bigelow que l’imaginaire collectif « se souvient » du jour où, « Geronimo ! », OBL est mort. Malheureusement ou heureusement ?
PART 1 : Les critiques. Il est clair que « Zero Dark Thirty » est un film pro-américain. De la propagande à l’état pur. C’est la force d’Hollywood de transformer l’histoire de son pays en légende, on n’y peut rien. Et ce malgré le parti-pris de la réalisatrice. En particulier, le film attribue une place centrale à la torture dans la traque d’OBL. On se souvient évidemment de la scène cruelle et violente du « waterboarding » (simulation de noyade), méthode notamment utilisée par la CIA sous l’administration Bush afin d’obtenir des renseignements de prisonniers soupçonnés de terrorisme. Aujourd’hui interdite, il semble que cette technique n’ait pas joué le rôle crucial que lui confère la réalisatrice. Une question de point de vue donc. Dans « Zero Dark Thirty », la puissance américaine est clairement présentée comme l’éternel justicier du Monde. Pas un mot sur les relations antérieures des USA avec OBL ou bien encore du rôle majeur d’autres acteurs internationaux comme la France dans la lutte contre Al-Qaïda. Non, les USA sont seuls face au terrorisme ! Enfin plutôt Maya (la magnifique Jessica Chastain), dont l’intuition et l’acharnement finiront par payer, parvient à se payer à elle seule (ou presque) la tête de l’ « As de Pique ». Mouais… On est donc en droit de regretter qu’une réalisatrice telle que Kathryn Bigelow renonce en partie à son esprit critique. On est loin de Green Zone. Mais après tout, qui a dit qu’il s’agissait d’un documentaire ?
PART 2 : Les éloges. « Zero Dark Thirty » est avant tout une fiction. Et une fiction très bien documentée, il faut quand même le reconnaître. Une fiction qui rassemble toutes les qualités du film d’espionnage, du thriller, du film de guerre et du biopic. Sans oublier l’Histoire, avec un grand H. Rien que ça ! Le spectateur se retrouve au milieu d’une guerre totale déclarée contre les « forces du mal » à l’origine d’une tragédie qui a bouleversé la planète. Une plongée en apnée dans un récit contemporain dont chacun garde les stigmates et qui fait chaque jour écho à notre actualité fanatique. Une chasse à l’homme clandestine, résultat d’une quête de plus de 10 ans. Le film est haletant ! Il nous transmet avec brio la tension des missions qui régissent celles de toutes les forces spéciales de ce monde. Le suspense est à son comble quand, pendant 40 minutes (quasiment du temps réel), le spectateur vit le déroulé de l’assaut de la maison fortifiée d’OBL par les Navy Seals. A mi-chemin entre « Apocalyse Now » et « La Chute du Faucon Noir », le film s’inscrit dans la belle tradition américaine des films de guerre… et du bon côté de cette face sombre du cinéma ricain. Une réussite !
A lire : « Ce jour-là » de Mark Owen. Le point de vue « 100% Navy Seals » des missions anti-terroristes et de la traque d’OBL.