Zero Dark Thirty s’ouvre sur une scène de torture. Un agent de la CIA essaye de soustraire des informations à un prisonnier soupçonné d’être lié à Al-Qaïda. Aucun effet de mise en scène ne nous guide sur l’interprétation que nous devons avoir de cette situation qui nous est livrée telle quelle, crue. Aucune considération pour l’un des personnages ne nous est suggérée, seuls les faits parlent.
Cette scène annonce et résume bien la teneur de Zero Dark Thrity. Un film froid, d’une objectivité déroutante. Et là est la force du film. En effet, alors qu’il aurait été plus aisé d’enrober le film d’un patriotisme mièvre ou de nous le saupoudrer de militantisme pacifiste désuet, Bigelow fait le choix de l’objectivité absolue. Tout au long du film, rien ne nous indique de ce que l’on doit penser de ce qu’on voit. La confiance faite au spectateur est totale. Et c’est justement cette neutralité qui permet au film d’être passionnant. D’un réalisme glaçant, il nous fait suivre, l’enquête qui commencé au lendemain du 11 septembre a permis l’éxecution de Ben Laden presque 10 ans plus tard. Afin de ne pas tomber dans le documentalisme, cette histoire est racontée en suivant le travail d’une agente de la CIA, Jessica Chastain, qui confirme les espoirs placées en elle depuis Tree of Life. Ce procédé nous permet de ne pas oublier qu’il s’agit là, bien que criant de vérité, d’un film de fiction. Le but de Bigelow n’étant pas d’exposer sa version des faits, mais bien de nous raconter une histoire.
Ce réalisme froid confère au film un suspens inattendu, dont le paroxysme est atteint lors de la scène finale (qui dure tout de même plus d’une demi-heure), conclusion magistrale et concrétisation, à la fois de l’enquête mais également du film. Car tout le film nous a préparé à cette scène que l’on savait inéluctable en faisant monter la tension progressivement pour e faire exploser à l’occasion de la prise d’assaut de la maison de Ben Laden, scène, dont bien que l’issue est connue de tous atteint des sommets de suspens insoupçonnés.
Zero Dark Thirty est un film d’une rigueur intellectuelle irréprochable, passionnant et de façon surprenante, particulièrement haletant.

BasileRambaud
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le 6 sept. 2015

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Basile Rambaud

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