Le trou noir de l'existence...
Terry Gilliam est un créateur, un esprit fécond dont la santé mentale paraît aléatoire. Cela se suppose au travers de ses créations. Celle-ci ne fait pas exception à la règle. Il subsiste donc une certaine constance dans son chaos intérieur. Paradoxe pour un état instable qui trouve une ligne directrice dans la récurrence de l'incongruité.
Sa folie est cette fois-ci illustrée par de brillants comédiens, à commencer par l'excellent Christopher Waltz et la non moins éclatante Mélanie Thierry. Celui-ci interprète un génial programmeur dans un futur torturé comme les invente Gilliam. L'actrice principale incarne une insaisissable créature dont les attraits ne sont pas que plastiques.
L'univers est baroque, inhumain et pourtant tellement humain. Les travers actuels de la société consumériste occidentale sont à peine exagérés : publicité intrusive individualisée, culte de la performance au travail, surveillance et contrôle des personnes. A peine exagéré donc.
Les idées fourmillent en tous sens et les références ne sont pas en reste non plus. J'ai adoré la scène dans un parc pour enfants où les panneaux d'interdiction constituent une véritable camisole à la liberté. J'ai été conquis par ce christ décapité dont le chef est une caméra qui, à l'instar du regard de Dieu jadis, pose son regard pénétrant sur l'intimité de l'homme. Une nouvelle divinité est née : le patron omniscient.
Ça part dans tous les sens (un peu trop parfois) tandis que le héros erre dans la quête de sens. Des questions existentielles essentielles sont soulevées : pourquoi sommes-nous là ? Dans quel but ? La réponse se trouve dans la solution du Zero Theorem et nombreux se sont brisés la santé mentale à essayer d'en percer les secrets.
De beaux moments d'humanité et de folie dans ce film où je ne me suis pas ennuyé une seconde.
Une impression de brouillon m'a parfois laissé dubitatif, en particulier sur une fin en forme d'interrogation ultime.
Il est difficile à suivre, Gilliam.