Doit-on ressentir pour exister ? Vous avez quatre heures.
J'ai eu l'impression que Terry Gilliam avait réalisé ce film de la même manière que j'écrivais mes dissert' : sans regarder sa montre.
La première partie prend son temps pour poser le décor, les personnages, le contexte. Christoph Waltz y perd ses cheveux autant que son assurance, les gags sont nombreux malgré un univers sombre dans lequel on est plongés instantanément.
Le développement se fait en douceur, on s'attache à tous ces personnages à la fois extraordinaires et terriblement communs. L'histoire se tisse calmement, tantôt drôle et tantôt bouleversante. On suit Qohen-no-U dans ses réflexions et sa construction, aidé par une psy déjantée et une infirmière un peu foldingue aussi...
A ce moment là, au fond de la salle, devant le tableau, le surveillant se gratte la gorge et annonce d'une voix blasée : "Il vous reste 15 minutes".
Panique à bord. 15 minutes pour terminer la troisème partie et la conclusion, surtout ne pas rendre une copie inachevée.
Alors on raccourcit le tout pour arriver au bout dans les temps.
L'univers de Qohen s'écroule autour de lui à une vitesse hallucinante, à peine de le temps pour nous de reprendre notre souffle qu'il a déjà enchaîné sur une autre scène, une autre idée, un autre problème. Jusqu'à ce final que j'ai trouvé époustoufflant, mais qui aurait mérité qu'on l'attende un peu plus longtemps.
J'espère que Terry cache dans sa malette une version plus longue, que je me ferais un immense plaisir de découvrir. Là, je suis un peu restée sur ma faim.