La conquête se leste.
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Zodiac est le chef d'oeuvre de David Fincher et le plus grand film de tueur en série jamais réalisé.
Après cette entrée en matière très nuancée - j'en entend déjà qui disent : "et Fritz Lang et Powell et Lustig même..." -, j’aimerai appuyé mon constat très personnel, sur l’idée qu’au-delà de ce qu’il raconte, l’histoire d’une enquête inachevée, ce film est d’un point de vue cinématographique une sorte d’aboutissement de la part de ce cinéaste qui en est probablement l’un des derniers. Tout y est : le décor, l’incroyable reconstitution du San Francisco de l’époque, la direction d’acteurs absolument irréprochable, les quelques scènes de crimes absolument glaçantes, l’ambiance généralisée très seventies, on a parfois l’impression de se retrouver plongé dans le climax des films de conspirations à la Pakula ou Pollack. De côté on sent la patte du vrai auteur qui cherche la crédibilité sans jamais appuyer sa mise en application par des effets pompeux. Tout ça a en plus l’avantage d’apporter une sorte de réalisme entièrement dévoué à la mise en image des événements évoqués.
Là où le film a pu décevoir les amateurs du précédent opus, évoquant les méfaits d’un serial-killer, du monsieur, c’est justement dans cette prise de hauteur que Fincher prend en permanence, s’attachant aux personnages et à leur évolution par rapport aux faits, plus qu’à l’enquête en question. C’est aussi une interrogation intéressante sur le poids des médias et leur rôle dans la création de la mythologie du monstre. De cette histoire du fameux tueur au zodiaque, il parvient à tirer une aventure humaine dont le sujet principal aurait pu virer à la démonstration primaire.
Le très doué auteur de clip-vidéo qu’il fût, aurait pu nous montrer ce qu’il sait faire, mais il choisit la voie de la sobriété et au renoncement du spectacle. Ce qui n’empêche par ailleurs absolument pas, une grande maitrise formelle de sa part, le film est extrêmement bien réalisé et une sorte de juste dosage entre la réalité du script et un aller-retour permanent entre ses velléités de narration et un grand sens de la fragmentation, le parfait équilibre est même atteint dans un final abrupt qui résume à lui seul les frustrations que cette événement vécu à pu déclencher chez les personnes qui l’ont vécu.
David Fincher a vécu personnellement dans l’ambiance du San Francisco de l’époque lorsqu’il était enfant, et on peut voir dans le regard du fils du personnage principal interprété par Jake Gyllenhaal, une projection de son propre regard enfantin d'alors.
Admirablement écrit, bouillonnant d’un grand amour pour le cinéma, formellement ultra-maîtrisé, tenu par une tension permanente qui happe les personnages même dans leur intimité, Zodiac est aussi une sorte de pont entre deux époques cinématographiques. Le cinéma seventies dont il s’inspire indéniablement, ça aurait pu sortir de la cuisse d’un réalisateur du Nouvel Hollywood - d’ailleurs, quand il est au meilleur de sa forme, Fincher est à mon avis l’un des derniers cinéastes affiliés à cette mouvance, tant il capable de porter un regard réaliste sur la société contemporaine sans oublier de regarder dans le rétroviseur pour faire de l’introspection – et le cinéma du modernisme technologique et de l’humainité 2.0 dont il dressera magnifiquement la genèse avec son génial The Social Network.
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Créée
le 13 nov. 2019
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