Dans đ·đđ€đ đđ đĄâđ đ·đđđ, George A. Romero combine avec virtuositĂ© l'horreur et la comĂ©die grotesque pour offrir une vision nihiliste de la nature humaine. Romero met en scĂšne des survivants qui, au lieu de s'unir face Ă la catastrophe, se livrent Ă des luttes mesquines pour des possessions matĂ©rielles.
Le choix du centre commercial comme lieu principal n'est pas anodin. VĂ©ritable temple du consumĂ©risme, il devient le thĂ©Ăątre d'une critique acerbe des valeurs matĂ©rialistes. Les zombies errent dans les allĂ©es, mimant inconsciemment leurs habitudes passĂ©es de consommateurs insatiables. Cette image, Ă la fois terrifiante et grotesque, souligne la vacuitĂ© d'une existence centrĂ©e sur la consommation. Les survivants, quant Ă eux, ne valent guĂšre mieux, reproduisant le mĂȘme comportement et rĂ©vĂ©lant ainsi l'incapacitĂ© de l'homme Ă se dĂ©tacher de ses penchants matĂ©rialistes, mĂȘme au bord du gouffre.
La mise en scĂšne de Romero oscille habilement entre le grotesque et le tragique. Les scĂšnes d'horreur, souvent graphiques et sanglantes, sont ponctuĂ©es de moments presque burlesques, accentuant le dĂ©calage entre la gravitĂ© des Ă©vĂ©nements et l'absurditĂ© des situations. Les effets spĂ©ciaux, rĂ©volutionnaires pour l'Ă©poque, continuent Ă impressionner, mĂȘme s'ils s'inscrivent clairement dans leur temps.
Les personnages ne sont pas de simples archĂ©types du genre horrifique. Ils sont le reflet des faiblesses humaines; on a l'Ă©goĂŻsme, la cupiditĂ©, la peur de l'autre. Leur incapacitĂ© Ă collaborer vĂ©ritablement pour assurer leur survie souligne le pessimisme de Romero quant Ă la nature humaine. PlutĂŽt que de s'Ă©lever au-dessus de leurs instincts les plus bas, ils s'y complaisent, accentuant le caractĂšre nihiliste de l'Ćuvre.
đ·đđ€đ đđ đĄâđ đ·đđđ est bien plus qu'un film d'horreur. C'est une Ćuvre profondĂ©ment politique et sociale qui utilise les codes du genre pour dĂ©noncer les dĂ©rives de son temps.