Zombillénium
6.6
Zombillénium

Long-métrage d'animation de Arthur de Pins et Alexis Ducord (2017)

Le masqué, si on veut l'allécher et l'attirer dans une salle de ciné à coup sûr, il suffit de lui parler de film d'animation french touch et d'univers fantastique. Si en plus, le scénario se pare de fines références à sa région, alors là, il dira sans doute banco, intrigué par l'allure du résultat final.


Et le moins que l'on puisse dire, c'est que Zombillénium, ça l'a grave botté, Behind.


A tel point qu'il va vite évacuer les deux ou trois broutilles les moins réussies pour pouvoir adorer tranquille, tiens. A commencer par l'aspect un peu froid du film, dans la palette de couleurs qu'il emploie, malgré un cell shading assez agréable et doux à l'oeil. Et il y aura aussi ces enjeux a minima et au bout de la route assez classiques, afin de se mettre à portée du jeune âge. Pas assez, apparemment, vu que le masqué a savouré le film en séance privée.


Mais ces deux ou trois avatars seront très vite balayés tout d'abord par la qualité affirmée de l'entreprise, qui a tout bon à peu près à tous les niveaux. Puis surtout par une constante double lecture de son propos. Certes, il s'agit d'un parc à thème qu'il faut sauver de la faillite. Mais sous ce prétexte, Zombillénium propose, sur moult clins d'oeil et références malignes, une certaine satire du monde du travail, de ses méthodes, de ses carcans réglementaires, ainsi que du capitalisme affiché sans vergogne, comme avait pu le faire Baby Boss un peu plus tôt dans l'année. Certains discours, à ce titre, s'affichent comme presque transparents dans la critique, tandis que la présentation d'une région en déshérence se passera de mots, une simple scène dans un troquet, une descente toute bête dans les entrailles de la terre ou la reprise des Corons suffisant dans Zombillénium, pour s'assurer que le message soit bien transmis.


Et surtout, l'oeuvre s'envisage, au son d'une BO au top, comme une véritable déclaration d'amour au genre qu'il embrasse dans toute la pluralité des personnages qu'elle brasse, sans jamais leur porter préjudice. Loin du gloubi boulga amorphe de Hôtel Transylvanie, où Genndy Tarta-lacrème-kovski, sous couvert d'hommage, ne rendait jamais justice à ses icônes autrement que dans un humour crétin et bas de plafond, Zombillénium, au contraire, se montre toujours in love de son matériau, qu'il chérit et dont il prend soin. Jusqu'à poser un oeil acerbe et sans concession sur la dérive de son approche au cinéma, occasion de dérouiller les beaux vampires imberbes et pailletés d'une franchise mormone indigente bien connue. De parler, aussi, de cette dangereuse tendance à ripoliner le frisson, jusqu'à l'absurde de la peur sans peur, de frayeur inoffensive et à bon marché, sans image dérangeante, comme envie d'investisseurs frileux friands de bénéfices et de drainer le spectateur par milliers.


Cette conception de l'entertainment a de quoi ravir et redonner un peu de foi concernant l'esprit frondeur de certains créateurs made in France, capables de tenir un véritable discours, tout en portant haut le flambeau d'un certain non conformisme et d'une mixité, tout autant culturelle que sociétale.


Le plus grave, dans cette affaire, c'est qu'il a fallu attendre qu'un film d'animation s'y colle, français de surcroît, afin d'affirmer ce genre de choses. Et qu'il aura fallu attendre le mois d'octobre pour compléter le podium fantastique de 2017, derrière la simple autopsie d'une inconnue et quelques anguilles sous roche...


Triste monde, qui peut néanmoins toujours nous réserver quelques jolies surprises.


Zombillénium en fait assurément partie.


Behind_the_Mask, qui s'étonne que, quand il frappe des vampires, ceux-ci crient "Ail !".

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le 30 nov. 2017

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Behind_the_Mask

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