Quelqu’un chez The Asylum, célèbre compagnie connue pour ses mockbusters (des copies au rabais des grands succès), a-t-il trouvé que l’association des mots zoo et zombies ferait un chouette titre de film ? Et paf, ça fait Zoombie de Glenn Miller, offert à la curiosité du public depuis 2016.

Au moins, Zoombie n’a pas l’insolence du mauvais copieur, même s’il rappelle Jurassic Park, qui est d’ailleurs clairement cité (« it’s a zoo, not Jurassic Park »). Le contexte de base est celle d’un parc animalier prêt à ouvrir, présentant son équipe et ses stagiaires nouvellement arrivés. Bien sur, rien ne se passe comme prévu, puisqu’un petit singe infecté s’échappe du laboratoire où il était retenu, pour propager le virus aux autres animaux.

Il s’agit donc d’une course contre la montre dans un espace qui se voulait accueillant mais fermé. La menace peut venir de partout, même si la directrice peut suivre la progression des animaux pucés depuis les écrans de la salle de contrôle, donnant des directives aux membres du personnel survivants pour y échapper, avec leurs petites pattes ou les jeeps du parc. Cette dernière suit d’ailleurs le rêve de son grand-père, dont il est difficile de pas penser à Jim Hammond de Jurassic Park.

Zoombie reste une production fauchée, produite pour le marché de la télévision et de la vidéo. Pourtant, cela n’empêche pas le film d’être généreux, quitte à assumer son manque de budget.

Le film propose tout de même un large éventail de créatures zombifiées, parmi lesquelles des singes, un gorille, des girafes, des lions ou des oiseaux, et même un vilain koala. Certains animaux ont été dressés pour le tournage, en quantité tout de même économe, avec un lion, une girafe, un perroquet et un singe. Malheureusement pour ces « vraies » bestioles, l’ajout de filtres numériques pour leur donner l’air sanguinaire fait oublier qu’elles sont de chair et de sang.

Le film a de toute façon la main lourde sur les effets numériques, sans s’inquiéter qu’ils soient un peu visibles. Zoombie propose ainsi des éléphants tout en polygones à l’animation un peu pataude, un problème récurrent sur d’autres espèces. Tant que ces créations numériques n’interagissent pas avec les comédiens, l’illusion fonctionne comme elle peut. Mais dès qu’ils sautent ou s’attaquent aux humains, cela pique. Pointons donc du doigt cette balade à dos de pachydermes très peu naturelle qui ponctue le film avec toute sa maladresse.

Quand bien même ils ont ces créatures toutes prêtes dans leurs fichiers informatiques qu’ils peuvent copier-coller (et ils le font), le film n’hésite pas à user d’autres stratagèmes pour faire exister ces bestioles à l’écran, parmi lesquelles des peluches, des têtes en plastique et même un homme en costume de gorille. Je me demande même si je n’ai pas cru voir une bestiole empaillée pour le phacochère. C’est un peu la foire à tous les effets spéciaux possibles, et cela lui offre une certaine sympathie pour les amateurs.

On ne s’étonnera donc pas des nombreux problèmes de raccords entre certaines scènes, de certains décors utilisés plusieurs fois mais en nous faisant croire le contraire ou de la présence de l’équipe technique dans les reflets ou dans les arrière-plans. Le film utilise même un plan d’une première scène, avec une jeep comportant 5 personnes bien visibles, pour un autre moment qui implique qu’il n’y ait qu’une personne au volant. Pas de petites économies.

Des imprécisions techniques aussi importantes seraient bien sûr préjudiciables pour tout examen cinématographique, mais ici l’amateur de bisseries s’en fichera et y trouvera même une certaine satisfaction à guetter les imperfections d’une telle bobine.

D’autant que le film se révèle assez convaincant, dans les limites de son genre et de ses prétentions. Même si l’issue est assez prévisible, il ne s’agit pas d’affirmer que les animaux sont des créatures du diable à aligner comme dans un safari, un léger filet éthique reste présent, représenté par certains personnages et discours. Avec une large gamme de personnages, on se doute bien que les autres serviront principalement à assouvir la faim des créatures rendues folles et anthropophages. Mais certains sont suffisamment catégorisés pour être malgré tout convaincants, toujours avec cette modération dans le peu. Les comédiens semblent s’amuser, là encore ils ne gagneront pas de prix, mais leur jeu suffit amplement pour un tel film.

Zoombies n’est guère violent, se révélant accessible à un large public. Le sang est d’ailleurs numérique, quelle hérésie. Il comporte quelques scènes un peu plus imagées et imaginatives, mais elles restent trop rares. Ce qui est regrettable avec un film avec une dizaine de personnages à sacrifier. Pourtant, suivre les mésaventures des différents groupes de survivants reste assez plaisant. La directrice, peut-être le meilleur personnage, est à la fois une femme d’affaires, une dirigeante mais aussi soucieuse du bien-être de ses employés. En les guidant ou en les avertissant, avertie des menaces présentes sur son plan interactif, elle permet d’offrir au film une tension bien appréciable, à défaut de faire frémir. On s’amusera des grilles du parc, dont les 2 mètres de haut ne devraient pas gêner beaucoup d’animaux à s’échapper. L’enjeu majeur étant la volière du parc, car si elle était infectée et que les oiseaux s’envolaient, la contamination s’étendrait à tout le pays.

Zoombie rappelle certains films des années 1980, reposant sur une idée foutraque, mise en scène de façon maladroite mais menée avec gourmandise. Zoombie évoque cette époque, le film est une bête mais sympathique série B, exploitant convenablement son idée de zoo infecté, et dont les maladresses sont autant de forces.

Le film aura droit à une suite en 2019 et même un spin-of en 2021, Aquarium of the Dead. Oui, oui. Une nouvelle franchise est née.

SimplySmackkk
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le 13 oct. 2023

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