Les films bâtis autour d’un personnage marginal et excessif sont souvent marquants lorsqu’ils sont habités par des acteurs à leur mesure. C’était le cas avec Audrey Hepburn dans la peau de Holly Golightly de Breakfast at Tiffany’s quelques années plus tôt, comme ce l’est ici avec Anthony Quinn sous les traits d’Alexis Zorba. Une espèce de Socrate faisant la leçon par sa manière de vivre. Un nomade qui au fil de ses expériences s’est bâti une sagesse sans rien enlever à sa spontanéité et à son intensité. Un sympathique illuminé. Un instinctif avec une intelligence d’âme hors du commun. L’auteur met sur son chemin le type parfait sur qui il pourrait avoir un effet transformateur : un lettré coincé se rendant en Grèce sans trop savoir ce qu’il fera d’une propriété minière reçu en héritage. En décidant d’embaucher Zorba, c’est beaucoup plus qu’un homme à tout faire qu’il amène avec lui. Mais un guide qui lui transmettra sa passion de vivre, sa folie, son amour des femmes, son sens de la justice, sa quête de liberté. En portant à l’écran ce personnage démesuré, le réalisateur envoie un message à forte résonance au milieu des années 60 qui mériterait d’être entendu encore aujourd’hui. Profitez de la vie, célébrez-là, mais faites-le avec respect et compassion. En plus de consacrer le film, l’image montrant les deux personnages enlacés dansant sous un soleil plombant sur la terre des premières civilisations en est venu qu’à symboliser dans toute son universalité les leçons du prophète Alexis Zorba.