Un humaniste qui réussit

Un prêtre catholique au nom de Zwingli, se présente avec sa compagne à l'église et demande à être marié par ses paires.

A une époque où manger de la viande durant le carême était passible de la peine de mort.

Zwingli il y a exactement 500 ans, et 2 ans après Luther, a donné un grand coup de sac dans le culte religieux dominant en Europe.

Sa chance a été d'être soutenu par le pouvoir temporel. Par le "conseil" laïque de Zurich.

Par petite touche il remet tout en cause :
- il reconsidère tous les dogmes notamment l'existence du purgatoire.
- il abolit les indulgences (argent contre paradis pour les morts et les vivants).
- il vide les cloîtres, les monastères,il traduit la bible en langue vernaculaire. Utilise l'argent amassé par l'église pour la recherche biblique mais aussi fonde une université, institutionnalise la charité et promeut l'école afin que le peuple entier puisse lire. (la Bible surtout)
- il annule le célibat obligatoire des prêtres. Ceux-ci peuvent avoir des enfants. En dehors de la clandestinité.
- il supprime la messe et crée un nouveau culte.
- il rompt, avant l'excommunication, avec la Sainte Eglise.

Le moyen âge venait de tourner la page.

Zwingli faisait partie de ces hommes exceptionnels, visionnaire, aux convictions solides. Il a su parler à ses contemporains et à certainement donner un air vivifiant à la religion de l'époque.

Le film, qui est une très grosse production pour la petite Suisse, montre le personnage à travers le regard de sa femme. Un humaniste, pas aussi austère qu'on le dépeint habituellement. On suit les "disputes" entre les papistes et les réformés, les jeux de pouvoir, la difficulté de changer d'opinion. On sent le courant nouveau qui touche une majorité de notables (car c'est eux qui décidaient pour le peuple). La réforme Zwinglienne s'est vite répandue dans une grande partie de l'Helvétie d'alors. 15 ans avant Calvin. C'était tout de même une sorte de miracle.

Aucun temps mort, une tension dramatique et une intrigue parfaitement menée, on est plongé au coeur du XVIème siècle, intensivement.

Les djihadistes de jadis se sont quand même entre-tués pendant 130 ans dans une grande partie de l'Europe avant épuisement et traité de Westphalie.

Une oeuvre marquante qui parle à tous et qui montre que même dans des périodes de fanatisme absolu, autant protestante que catholique, il est possible de changer le monde autour de soi.

Intéressant après les kilomètres de débats sur "Grâce à Dieu".