Vendu sur Switch avec « Soldats inconnus », ce jeu n’était clairement pas mon premier choix. Mais bon, l’affiche appelait à une belle fable initiatique alors pourquoi pas… « Child of Light » pouvait être ce petit jeu bonus susceptible de passer le temps et de créer la surprise. Difficile de dire d’ailleurs qu’il n’a pas bénéficié d’un soin particulier : les graphismes sont vraiment léchés, le gameplay fonctionne, c’est propre… Très propre… TROP propre.
Moi, ce qui me dérange dans ce titre, c’est que j’ai du mal à comprendre quel souffle l’a initié. Tout est tellement plat. Consensuel. Sans une seule once d’imagination… Mais ils avaient quoi en tête les créateurs de chez Ubi ?
« Bon alors les gars, on va faire un jeu…
– OK OK OK…
– Il y aura… euh… Un héros.
– Ah ouais carrément c’est bien ça un héros…
– Ou plutôt non ce sera une héroïne ! Parce que c’est à la mode les héroïnes en ce moment ! Et nous on est des putains de déglingos de féministes chez Ubi !
– Ah ouais ouais ouais… Carrément.
– Et cette héroïne elle aura… euh… une… épée ?
– Ouais ça marche ! Carrément chouette une épée.
– Et… Il faudra qu’elle… avance.
– Ouais on sait faire ça nous ! Elle avancera notre héroïne ! Et elle aura son épée à la main !
– Elle… collectera des machins.
– Yeah ! Ça va être trop ouf !
– Et elle devra… tuer des trucs !
– Woooh je sens trop mon esprit créatif être happé par le génie !
– Elle les tuera au tour par tour les ennemis ! Du coup ça va carrément trop ralentir le déroulé de notre… Euh… Notre… Enfin le machin qu’on est censé trouver pour justifier le fait que notre héroïne elle avance !
– Une intrigue !
– Voilà ! C’est ça… Une intrigue… Une intrigue qui dira que notre héroïne... eh bah… que c’est une princesse qui doit… euh… libérer le royaume … du… mal ?
– Yeeeeah ! Ça c’est trop malin ! C’est pour des projets originaux comme ça qu’on est rentrés dans l’industrie du jeu-vidéo ! Pour être trop créatifs ! Repousser les limites de l’imaginaire ! Becaaause we love make video-gaaaaames ! »
Franchement, j’ai du mal à voir comment le développement de ce jeu a pu se dérouler autrement que comme cela. Au-delà de la justesse technique je trouve qu’il n’y a rien. Aucune idée qu’on n’ait pas déjà vue mille fois ailleurs. Ça pue l’ennui.
Ce seul univers il me laisse pantois. C’est la décalcomanie de la caricature du stéréotype du cliché de la vieille saga d’héroïc fantasy. Il n’y a aucune plus-value. Les personnages incarnés sont assez consternants de transparence. Une princesse rouquine (quelle originalité), une clown, un golem, un magicien… Pfff… Non mais vraiment les gars ? Là on est juste au niveau zéro de la créativité. C’est bien simple, plus j’avançais dans ce jeu, plus je me vidais de tout entrain. J’accomplissais une tâche mécanique qui absorbait juste mon temps et – au passage – mon fun. Une expérience au fond assez désagréable, surtout que l’aspect répétitif des combats amène très rapidement l’impression d’accomplir une tâche d’usine sans intérêt.
En somme, je ne vais pas passer par quatre chemins, j’ai l’impression que ce jeu a été fait parce qu’il fallait bien occuper des équipes, un point c’est tout. Aucune idée de gameplay, de narration, d’univers… Juste un produit manufacturé par des ouvriers pas maladroits de leurs pattes mais insufflé d’aucune âme, d’aucun esprit, d’aucune lumière. Pour moi, « Child of Light » n’est rien de plus rien de moins qu’une triste conséquence des mécaniques industrielles actuelles. Alors forcément, quand j’entends qu’à Ubi on espérait développer autour de ce jeu tout un univers fictionnel, j’avoue que j’ai ri. Encore aujourd’hui je ne sais d’ailleurs toujours pas comment prendre cette information. Est-ce qu’à Ubi ils sont vides de substance à ce point ou bien est-ce du pur cynisme mercantile afin d’appuyer la saga qu’on sait justement la plus faible du lot ? Ç’en est à un tel niveau d’absurdité que pour moi ça reste un mystère…
Quand je pense que ce jeu est vendu avec « Soldats inconnus » et qu’il est mis en « tête d’affiche » sur le boitier de la cartouche, je me dis quand même que chez Ubi, ils ont un drôle de sens des priorités…