Particulièrement fan du premier opus de 2019, Innocence, loué pour son côté Last of Us frenchie avec une horde impitoyable de rats grouillants comme ennemi implacable, avec bien sûr des antagonistes bien humains parfois plus inquiétants que les rats (l'homme est un loup pour l'homme etc...), j'attendais de pied ferme cette suite.
On prend les mêmes...
C'est avec plaisir que l'on retrouve les principaux personnages du premier volet. En effet les doublages sont toujours efficaces, même si Hugo frôle parfois l'agacement avec ses plaintes incessantes. A sa décharge, je pense pas que j'aurais été bien plus vaillant en encaissant la motié de ces traumas du haut de mes 8 ans.
L'attachement est toujours intact et il est plaisant de voir la fratrie de Rune souffler un peu...mais pas pour longtemps bien entendu.
A l'image d'Innocence, noirceur et désespoir seront de mises dans cet épisode, avec parfois un côté too much, tellement les deux gamins ramassent tellement, que ce soit en terme de traumatisme physique ou psychique. L'histoire reste cependant captivante avec davantage de développement de l'univers, notamment sur les origines de la macula, et l'on prendra plaisir à suivre Hugo et Amicia dans leur aventure et l'exploration des différents lieux chargés d'histoire qu'ils parcourent, avec leurs lots d'endroits fascinants.
Cette quête conduira Amicia et Hugo à traverser de nombreux environnements, relativement variés, tout en se frayant un chemin à coup de fronde et d'attaques de rats, aux côtés de nouveaux personnages venant additionner leurs compétences à celles de la fratrie pour permettre au groupe de progresser.
Sur le plan technique presque à dire avec quelques ralentissements constatés sur PS5 avec les effets de feu. Le jeu reste cependant magnifique, certains plans resteront gravés dans la rétine, avec un côté bigger and better par rapport au premier opus. Et quel bonheur d'arpenter les paysages de Provence, action peu courante sur la scène vidéo ludique.
Les tableaux de destruction causés par les rats sont également des séquences fortes, parfois limite trop bourrines, comme si un Michael Bay furibond s'emparait du scénario, mais qui viennent dynamiser le tout. Je retrouve quand même, à mon grand plaisir les phases de puzzle avec ces sympathiques rongeurs et la nécessité de créer un chemin sûr, même si certaines grandes arènes mélangeant antagonistes humains et rats viennent parfois se prendre les pieds dans le tapis et donner des scènes assez improbables...
Olivier Derivière signe à nouveau une composition brillante avec des termes variés, qui restent en tête même après la fin des crédits.
...Et on recommence
Le tableau pourrait jusque la sembler idyllique et le lecteur avisé pourrait se demander pourquoi la note de 6 après un paragraphe dithyrambique sur l'oeuvre...
Et bien maintenant, à l'image des différents niveaux du jeu, présentés sous un jour radieux dans un premier temps, nous allons maintenant explorer l'envers du décor peu reluisant.
D'abord côté gameplay, il s'agit exactement du même qu'avant, enrichi de quelques éléments par ci par là (dont les compétences des acolytes sur certains passages), mais rien de bien neuf. Le problème n'étant pas tant de retrouver ce gameplay, mais que très rapidement on en fasse le tour et que les arènes se succèdent et se ressemblent trop.
De plus, à noter un certain côté crispant dans certains affrontements, avec une Amicia peu manoeuvrable et se faisant rattraper à la course par un chevalier en armure lourde et masse d'arme de la taille d'une pastèque à la main. A noter également le retour du loot à foison et qui aurait gagné à se faire un peu plus discret.
Asobo a clairement visé plus grand et impulsé un virage vers l'action un peu trop prononcé à mon goût. Si dans le premier opus il y avait certes des meurtres d'ennemis, cela était plus rare, mieux mis en scène et donc plus marquant. Dans Requiem, où Amicia se transforme en John Rambo des temps médiévaux, abattant des ennemis par paquets de 20, il y a certes un retentissement sur elle et ses compagnons, via leurs remarques, mais bien léger par rapport à l'ampleur du carnage (un peu à l'image de The Last of Us 2, où il est certes touchant de voir les ennemis s'appeler par leurs petits noms quand ils décèdent mais où cela perd en intensité quand c'est le 427e gonze descendu par Ellie ou Abby).
Enfin, à mon grand désarroi, on sent des faiblesses d'écriture principalement au niveau des personnages secondaires. Là où dans Innocence, des personnages comme Lucas ou les frangins voleurs venaient vraiment imprimer quelque chose dans l'aventure, on n'aura surtout des coquilles vides avec des passés classiques et rapidement expédiés, avec peu de temps de présence pour vraiment s'attacher à eux.
Egalement du côté des ennemis, une certaine déception est à noter. Quand le premier volet nous offrait un inquisiteur Nicholas implacable et un Vitalis de Bénévent, doublé par l'extrêmement talentueux Feodor Atkine, tout deux avec des combats de boss réussis, on se contentera de quelques hommes de mains générique et d'un couple de nobles un peu timbrés, eux aussi très rapidement expédiés.
C'est donc avec un goût amer que je finis A plague Tale : Requiem. C'est loin d'être mauvais, mais on retrouve des écueils classiques d'un triple AAA, où l'on sent que le besoin de faire plus grand, plus fort s'est fait au détriment d'une écriture plus fine, réelle force du premier volet, notamment des personnages secondaires, qui pouvait faire bien plus frissonner que des milliards de rats emportant à eux seuls une cité entière dans les entrailles de la Terre.
Enfin le final restera cependant magistral, venant conclure d'une belle manière ce sombre épisode.
Quid de la suite avec une scène post-générique assez intrigante, mais cela ce sont les talentueux développeurs d'Asobo qui nous le raconteront...