Le jeu vidéo, ce loisir permettant l’évasion de l’esprit, la décompression après une journée bien harassante ou du plaisir à l’état brut peut aussi vous prendre la tête et vous faire déprimer un coup. Surtout quand il relate la vraie vie.
Avec tous les jeux que Devolver édite, il faut croire qu’ils ont perdu un peu de leur exigence d’antan, acceptant la simple promesse d’un jeu au concept différent pour filer des sous à ses créateurs. Always Sometimes Monsters fait partie de cette catégorie, celle des jeux qui sont dans la hype mais à l’intérêt quasi nul dès l’instant où l’on prend un peu de recul pour mieux l’observer. L’intro du jeu nous place dans une situation assez trouble et dont on ne comprend pas grand-chose. Normal, puisqu’il s’agit d’une partie du dénouement final, on va donc découvrir comment une aventure de prime abord classique débouche sur un «triello» dans une ruelle sombre et mal éclairée en plein cœur d’une ville ni trop grande ni trop petite. Si vous avez tenu jusque-là, vous être à priori prêts à poursuivre l’aventure, donc plus ou moins adeptes de J-RPG avec une qualité graphique plus que douteuse et des dialogues écrits qui s’enchaînent fenêtre après fenêtre. L’histoire d’ASM débute juste après cette séquence d’ouverture.
Changement de décor, on se retrouve au cœur de l’appartement de Larry, un jeune éditeur à la recherche du prochain grand talent de la littérature. Ce talent se trouve parmi les invités et c’est vous qui allez le choisir, puisque ce dernier deviendra le héros de l’histoire. Choisissez donc votre homme ou votre femme, puis votre amoureux(se) et allez porter un toast avec votre nouveau patron, car la gloire vous ouvre la porte. Vous retrouvez ensuite votre personnage bien plus tard dans son appartement dans une situation quasi critique et bien mal engagée. En effet, l’éditeur ne vous paie plus, vous êtes à sec, un loyer de 500 dollars à payer et l’amour de votre vie vous a quitté pour se marier bientôt. Il va falloir vous relever et trouver de l’argent pour payer ce loyer, en rendant des services ou en travaillant honnêtement, ce qui rapporte peu, évidemment.
Tout au long de l’aventure vous aurez des choix à faire et la possibilité d’être plutôt serviable et gentil ou au contraire complètement égoïste. Vous rencontrerez des personnages assez variés mais très caricaturaux, sans grand relief. Les dialogues, parfois savoureux, restent digne d’un jeu de ce genre, à savoir trop nombreux, parfois incompréhensibles et peu profonds si l’on garde un certain recul vis-à-vis de l’histoire. Si au contraire vous vous identifiez à votre personnage, certaines situations, proches de la réalité, risquent de vous déprimer totalement. Aucune concession n’est faite, la réalité froide frappe souvent le joueur en pleine face, en gros, ça prend souvent la tête.
Vous l’avez compris, jouer à Always Sometimes Monsters ne change pas vraiment les idées, ce n’est pas un jeu apéro, on ne se fait pas une petite session après une journée de travail. Développé sous RPG Maker, ASM n’est qu’un J-RPG déguisé en prise de tête organisée. Créer avec des moyens limités, OK, mais se la jouer indé en proposant un tel habillage, ça ne passe pas. La mode du pixel art, du jeu aux graphismes dis «retro» commence à passer, on a ici l’impression de jouer sur Super Nintendo avec une maniabilité basique, carrée et moins fluide encore que dans les premiers Zelda. Les décors, pour certains fouillés ne font office que de musée et on ne peut finalement pas interagir avec grand-chose. Certes, les développeurs ont misé sur les personnages et l’histoire, mais le fond sans la forme ne suffit pas toujours. De plus, le jeu totalement et uniquement en anglais pourra en rebuter certains.
Always Sometimes Monsters vaut 10 balles, mais même à ce prix, on ne saurait que vous conseiller d’attendre une promo ou un cadeau pour tenter l’aventure. Dépressif? Passez votre chemin. Heureux? N’y pensez pas. Stressé? Passez votre tour. Vous considérez le jeu vidéo comme un amusement? Rayez le jeu de votre liste. Pour les autres, il y a Hotline Miami. Ou Broforce. Ou Goat Simulator, même.