Jeu terminé (et platiné) en 111 heures, 19 minutes et 8 secondes (!)
Critique garantie sans spoilers.
Après un virage nettement orienté RPG initié par son prédécesseur et une reconquête bien méritée dans le cœur des joueurs, la saga Assassin's Creed décide de profiter de sa notoriété retrouvée pour proposer un nouvel opus, moins d'un an après Origins. Si, dès son annonce, les mauvaises langues ont crié au désastre annoncé, c'était sans compter sur un Ubisoft regonflé à bloc et bien décidé à mettre derrière lui ses précédents camouflets.
Le studio l'a en effet bien compris : s'il veut donner un nouveau souffle à sa saga, il ne doit pas (à nouveau) se reposer sur ses lauriers et aller plus loin dans sa transformation assumée en RPG. Tous les éléments qui ont fait le succès d'Origins se retrouvent donc naturellement dans Odyssey : progression du héros en niveaux, arbre de compétences personnalisable, nombreuses armes et équipements à améliorer et à customiser, quêtes secondaires à ne plus savoir où donner de la tête... Mais ce qui permet véritablement à cet épisode de ne pas être un simple "Assassin's Creed Origins 1.5" c'est sa construction du scénario liée aux décisions prises par le joueur tout au long de son aventure. En effet, outre le choix initial du sexe du personnage (qui ne changera pas foncièrement le déroulé du jeu), le joueur sera régulièrement amené à choisir une réponse (entre 3 généralement) au cours des dialogues. Si le choix est parfois futile, dans la plupart des cas il influe le déroulement de la quête principale voire même la survie de certains personnages. Une manière intelligente (même si pas encore parfaite) de faire en sorte que le joueur s'identifie au personnage à l'écran et vive cette odyssée comme si c'était la sienne.
Troquant le désert et les pyramides contre les temples et les vastes îles de la Grèce, Assassin's Creed Odyssey s'attaque à une période qu'il n'avait pas encore abordée et qui lui donne par la même occasion le plus vaste terrain de jeu de son histoire. C'est en effet dans une carte gigantesque que vous évoluez, à pied, à cheval ou encore en bateau, élément qui fait un retour important, lui qui avait été un peu mis de côté dans les opus précédents. L'ennui, c'est que malgré ces différents modes de voyage (sans oublier la téléportation grâce aux points de vue débloqués au fur et à mesure) le défi de visiter toutes les régions de la carte semble presque par moments insurmontable. Ubisoft a donc choisi de conserver le principe de points d'intérêts à découvrir pour pousser le joueur à l'aventure, autant de forts, campements et autres grottes à explorer afin d'amasser armes et expérience. Seulement, comme pour son aîné, ces points d'intérêt en manque cruellement tant ils sont génériques (même configuration, même nombre de coffres et d'ennemis) et auront tôt fait de lasser le joueur qui se mettrait en tête de tous les explorer. Ce qui est dommageable quand on voit le soin pourtant tout particulier apporté aux environnements, entre les plages de sable fin, les montagnes et les cités à l'architecture incroyable, donnant des vraies allures de carte postale à cette Grèce antique en plein conflit.
Des conflits qui sont justement au cœur de l'aventure principale. Divisée en plusieurs arcs narratifs et en de nombreux chapitres, cette quête de vérité, de vengeance et de sang bénéficie d'une écriture soignée et de personnages charismatiques, permettant de ne pas endormir le joueur avec ses (très) nombreux dialogues. Trouvant un juste équilibre entre la quête personnelle du héros et la mission donnée d'apporter la paix dans le monde grec, il n'est donc pas rare d’enchaîner des moments épiques, comme des guerres de territoires ou un combat contre une créature mythique, et d'autres, plus intimistes, sur la question des origines familiales du héros (Kassandra ou Alexios) et son lien avec la méta-histoire (toujours présente mais plus discrète que dans l'opus précédent).
Grâce à son scénario à choix, à ses mécaniques affirmées et à quelques nouveautés bienvenues (la traque du culte, les personnalisations multiples des équipements, l'implication du joueur dans l'histoire...) Assassin's Creed Odyssey souffle un vent de nouveauté sur cette saga qui revient presque d'entre les morts. Signe de sagesse, Ubisoft a écouté les joueurs et a véritablement pris le temps de repenser son jeu pour lui donner cette dimension épique qui lui manquait cruellement. Si quelques défauts restent à corriger, le studio montre qu'il est sur la bonne voie et que sa saga a toujours sa place dans le paysage vidéoludique actuel des open-world à grand spectacle.