Une année après notre périple en Égypte, Assassin's Creed Odyssey nous propose cette fois-ci une aventure au cœur de la Grèce Antique. À l'instar du changement de direction opéré par Assassin's Creed Origins, Ubisoft confirme son désir de quitter un peu plus l'esprit de la licence afin de surfer sur la très tentante mode du RPG.
Pour commencer, l'Histoire se déroule bien longtemps après le combat de Leonidas et de ses valeureux "300" contre les troupes du roi Xerxès. Nous voici donc durant la guerre du Péloponnèse opposant Athènes et Sparte où nous incarnons au choix - Kassandra ou Alexios - comme mercenaire afin de faire fortune en jouissant des profits de cet affrontement. Cependant, la véritable intrigue de notre odyssée est des plus mystérieuses. En effet, même s'il n'a pas l'aspect d'un Assassin's Creed, Odyssey offre le compromis de remettre au-devant de la scène un élément presque oublié de la licence : la Première Civilisation. Cette dernière bénéficie non seulement d'un certain intérêt en s'accommodant parfaitement avec l'omniprésence des mythes et légendes de la Grèce Antique, mais elle permet également le retour d'un présent sur le devant de la scène.
Ensuite, la communication de Ubisoft s'est surtout accentuée autour des choix désormais au cœur de l'intrigue afin de mettre le joueur aux commandes de sa propre odyssée. La prise de décision s'accorde de diverses manières : dès le départ avec le personnage à incarner, le système de dialogue à choix multiples, définir nos relations, l'ordre de nos quêtes, ainsi que les décisions de vie ou de mort. Les choix proposés restent souvent évidents ou totalement secondaires, malheureusement bien peu apportent des conséquences concrètes. Par exemple, une action dans le cadre d'une quête peut très bien décider du sort d'une zone ou d'un personnage, nos choix lors des dialogues peuvent faire naître des romances, tandis que deux fins sont possibles, mais ce système n'ira pas plus loin. Quoi qu'il en soit, la mutation de la franchise en RPG apporte immanquablement une expérience plus personnelle, mais cette nouveauté demeure pourtant incohérente avec les codes de la licence. En effet, lors de la simulation l'Animus interdit très clairement de modifier un événement de la vie de l'ancêtre au risque de provoquer une désynchronisation du sujet. Pourtant, les choix présents dans Odyssey impactent sur son histoire comme en témoigne les différentes fins possibles.
Enfin, l'open world reprend le modèle d'Origins tout en y incorporant le sentiment de liberté que procurait Black Flag avec le retour de la navigation par bateau. La Grèce est donc à notre entière disposition et propose des activités diverses : aider Sparte ou Athènes dans la guerre, assassiner les membres d'un Culte mystérieux, traquer des créatures mythologiques, mais plus globalement diriger librement notre odyssée et les quêtes qui en découlent. Cependant, ces tâches doivent se faire avec un gameplay toujours aussi perfectible. À l'instar d'Origins, l'infiltration demeure encore secondaire jetant ainsi définitivement aux oubliettes les possibilités d'approches instaurées par Unity et Syndicate. On notera toutefois que le système de combat est plus dynamique en s'articulant davantage sur les esquives et les contres, mais en restant néanmoins toujours aussi brouillon. Quoi qu'il en soit, le gameplay se caractérise surtout par les capacités de la lance de Léonidas. Cet artefact permet de confier à Alexios et Kassandra toute une variété de pouvoirs magiques : se téléporter vers un ennemi pour l'assassiner, devenir invisible, ou encore posséder une force surhumaine. En fait, même si les artefacts de la Première Civilisation possèdent bel et bien des pouvoirs particuliers (comme la Pomme principalement utilisée comme appareil de contrôle ou le Suaire qui permet de se régénérer) la lance de Léonidas n'a pas d'identité propre. Elle est plutôt une excuse afin d'acquérir tout un tas de capacités surnaturelles fourre-tout.
En somme, Assassin's Creed Odyssey représente la forme finale de la mutation d'Assassin's Creed Origins vers le RPG. Tandis que l'aspect Assassin s'amenuise, le compromis proposé est celui de faire regagner en importance la Première Civilisation, mais force est de constater que cette volonté pourtant salutaire brouille encore davantage l'histoire globale de la saga. Reste un jeu divertissant, mais avec toutefois une narration trop schizophrène et un irrespect envers la saga Assassin's Creed.