Aaaaahh la Grèce antique ! Une merveilleuse époque qui a vu naître les débuts de la philosophie et des mathématiques occidentales, ainsi que ceux de la démocratie. Les grecs ont aussi mis au monde les premières pièces de théâtre ainsi que les premiers Jeux Olympiques ! Retranscrire cette époque dans un jeu est un défi de taille que seul Ubisoft pouvait entreprendre de faire.
Le jeu est-il une aussi belle odyssée, comme nous conte Homère ? Ubisoft a-t-il répondu aux attentes ? Et surtout, l'esprit "Assassin's Creed" est-il toujours au cœur de l'œuvre ? Spoiler : non. Et l'on va voir pourquoi.
Tout d'abord, le gameplay. Dans la continuité des derniers jeux Assassin's Creed paru avant (et même après), le jeu se veut être un monde ouvert où l'on peut parcourir toutes les îles de la Grèce, en naviguant sur les eaux de la Mer Egée et en traversant à cheval les terres de l'Attique et de ses régions voisines. La carte est magnifique, les paysages sont époustouflants et l'attention aux différents mythes donne un aspect magique à notre aventure qui n'entache pas l'expérience. Le terrain, de part sa formation, varie beaucoup les situations et joue parfois en notre avantage ou contre. On sent que nous ne sommes pas maître et que l'on doit s'adapter au terrain. Mais vous sentez surement le problème venir, mais la Grèce, c'est grand. Je veux dire TRES grand. Là où certaines villes sont remplies de quêtes annexes ou de diverses références historiques, d'autres sont très vides, monotones, et sans utilité particulière ni pour des quêtes, ni pour l'histoire (du jeu et de la vraie vie), ni pour des items importants. Il y a un nombre faramineux de villes identiques en terme de contenu, qui prennent 30 minutes à faire le tour, le temps de faire les objectifs pour le 100%, et hop, on passe à la suite. Jouer avec le terrain devient carrément optionnel, puisqu'on a envie de finir ces objectifs futiles le plus vite possible. Je conçois qu'il en faut un peu, mais pas autant. Je prends l'exemple des îles de Delos, Keos et Hydrea. Elles sont très petites, peu utiles et très peu amusante à parcourir de part leur taille et la pertinence des objectifs.
Parlons justement des objectifs et des quêtes. On incarne Alexios (dans le cas d'un personnage masculin) ou Kassandra (dans le cas contraire) et l'on part à la recherche de nos parents et de notre frère/sœur perdues. On s'engage très vite en tant que misthios (mercenaire) pour remonter la piste d'un culte qui semble être caché derrière cette séparation. Dans cette longue quête, nous auront naturellement beaucoup de dialogues et de discussions à entretenir où la ruse est de mise, pour ne pas se faire avoir/arnaqué. Le jeu, dans tout ses dialogues offrent donc des possibilités de dialogue entre la méfiance, la colère, la ruse, et parfois l'amour. On a même la possibilité d'éviter des combats de cette manière, ou juste en leur donnant quelques pièces. Le concept en lui-même est intéressant et louable, vu que le joueur est involontairement plus engagé dans les conversations et l'attention au détail, au risque de se retrouver dans un combat difficile ou de se faire des ennemis pour le reste de l'aventure. Nouveau problème, peu importe l'option que vous choisissez, les conséquences sont négligeables, voir inexistante. On peut très bien faire le choix de coucher avec un personnage puis de le tuer la seconde d'après, ça ne changera rien. Même dans certaines quêtes où l'on doit faire attention aux informations que l'on reçoit pour dissocier le vrai du faux, vous pouvez foncer dans le tas, et si vous avez fait le choix morale par chance, vous gagnerez une pièce d'équipement sympa. Les seuls choix qui comptent sont ceux de la quête principale. Si l'on ajoute à ça la longueur et l'ennui provoqué par toutes les villes annexes qui existent, les dialogues se font en spammant le clic gauche sur une réponse au pif... Un dernier détail encore : lors d'un dialogue, la caméra regarde en direction de la personne qui parle, et plus précisément au-dessus de l'épaule de l'interlocuteur. Jusque là tout va bien. Mais cela se fait pour absolument TOUT les dialogues de ce jeu. Les dialogues un peu diversifiées se comptent sur les doigts de la main. Les animations de joie, de colère, de peur, etc... sont toutes les mêmes pour chaque personnage, vous inclus, et les expressions du visage ainsi que les voix sont pour la plupart très vide d'émotion (surtout la voix française d'Alexios qui est une purge pour les oreilles). Maintenant combinez des villes très répétitives avec minimum 2 quêtes annexes peu pertinentes (5 dans les plus grandes villes) qui durent chacune au moins 30 minutes (1 heure pour les plus longue), impliquant des dialogues en surface interactif mais qui ne le sont en réalité pas du tout, avec des voix monotones et ré-utilisés (j'ai compté 3 personnages avec le même doubleur) avec une caméra statique dans un total de 37 villes auxquelles ont rajoutent en plus des objectifs comme des forts à infiltrer ou des camps à infiltrer tous similaire.
Puis, l'aspect "Assassin's Creed". Les développeurs nous ramènent le même arbre de compétences qu'il y avait dans Assassin's Creed Origins ou encore Syndicate mais cette fois-ci avec plus de niveaux et plus de bonus différent. Une des forces du jeu est bien la diversité des kits possibles : entre ceux qui font du feu, du poison, des dégâts critiques, des dégâts assassins, de la force brute ou des coups de grâce, et je ne parle même pas de toutes les armes jouables et des capacités qui vont avec. Pendant les premières 20 heures de jeu, ça donne envie, surtout que les ennemis se font graduellement plus dur à affronter. On essaye de nouvelles compétences, on tente de nouvelles armes jusqu'à réussir à terrassé ces mercenaires qui sont à nos trousses. Mais on se rend très vite compte que les compétences sont pour la majeure partie inutile car mal faites (charge du taureau améliorée qui, avec sa deuxième attaque ne touche personne car les ennemis sont déjà éjectés) et que l'on peut vaincre nos adversaires avec un niveau de différence à l'usure. Les seuls points positifs de ces niveaux et des équipements sont les kits réalisables et surtout de challenger les mercenaires les plus forts. Et la partie assassinat dans tout ça ? Malheureusement trop négliger. J'ai fais le choix de favoriser au maximum l'infiltration pour au moins faire semblant, mais foncer dans le tas marche très bien aussi. Même les capacités d'infiltration laissent à désirer et je ne prenais du plaisir qu'en me forçant à la jouer discret.
Et enfin, le devoir de mémoire fait à la Grèce antique. Dans l'ensemble, l'Histoire est bien respecté. On peut interagir avec Socrate pour qu'il nous fasse des cours de philosophie avec des cas concrets et l'on observe de près les débuts de la démocratie et de ses failles. Athènes regorge de détails à découvrir qui donne envie au joueur de se documenter encore plus sur la ville. Dommage qu'elle soit la seule ville intéressante... Le jeu fait aussi honneur aux mythes et du doute qui entoure ces légendes. Par exemple, une quête nous envoie nous occuper d'un minotaure qui sème la terreur alors qu'au final, c'est juste un habitant comme les autres. Dans l'ensemble, le respect de l'époque est présent, et j'ai apprécié redécouvrir tout les aspects de la Grèce Antique.
Pour résumer, Ubisoft avait de grandes ambitions et idées mais peut-être un peu trop. La carte est beaucoup trop grande, pas amusante à parcourir si ce n'est pour le plaisir des yeux, les dialogues sont pauvres, les quêtes aussi et l'aspect "Assassin's Creed" est mis de côté au profit d'un système de niveaux et d'équipements mal fait.
J'ai aimé quasiment tout les Assassin's Creed auxquels j'ai joué. J'ai eu une expérience inoubliable sur Black Flag, je me suis fais transporté par les péripéties de Bayek dans Origins et je me suis lié d'attachements à Evie et Jacob dans Syndicate. Mais dans Odyssey, après avoir cumulé 70 heures de jeux, je peux affirmer que je n'ai pas passé un bon moment. Le jeu n'est pas défendable, il est objectivement mauvais. Je reconnais le travail acharné des développeurs mais celui-ci n'a pas bien porté ses fruits et n'a pas été bien investi.
Jouez-y si vous voulez, mais après 20-30 heures, le jeu devient un auto-clicker.