Dans le genre « tentative d’avoir une mascotte mignonne » Sony est un peu le gardien du cimetière. Oh tiens voilà la tombe de Little Big Planet, ah ici c’est celle de Tearaway ; personne n’a changé l’eau des fleurs... Mais ne serait-ce pas la tombe de l’ange parti pas assez tôt Knack ??? Sur une route pavée de tentatives infructueuses, Astro le petit robot s’élance avec panache et affiche sa bonne bouille pour tenter de faire sa place. Reste à voir si la place en question est celle d’un concurrent sérieux dans le monde du platformer 3D ou celle d’une énième fosse qui finira oubliée de tous.
L’écran titre annonce rapidement la couleur avec son thème musical acidulé : c’est la fête ! Et quelque part c’est un premier contact assez juste de ce que proposera le jeu. La première impression ça compte, ce n’est pas moi qui le dis, c’est la psychologie. S’il faut à notre cerveau moins d’une minute pour juger une personne sur ses finances, son intelligence, la confiance qu’on peut lui accorder ou son apparence alors imaginez le temps qu’il lui faut pour conditionner notre état d’esprit, notre humeur lors de la prise en main d’un simple jeu vidéo. Les développeurs l’ont bien compris aussi et le choix du premier niveau aux allures de parc aquatique vient convaincre que le jeu veut vous donner la sensation d’être dans un parc d’attraction et que ça va être du fun non-stop. Tient par exemple pour illustrer mon propos je me souviens encore de mon premier contact avec Klonoa 2 qui avait également misé sur un niveau Aqualand en préambule. Bref ça tape juste et ça devrait susciter facilement l’enthousiasme de nos chérubins (et des grands enfants !).
Astro Galaxy
Plutôt qu’une grande aventure en un bloc, Astro bot propose des petits niveaux thématiques (80+) à la manière d’un certain Mario qui aura été une source d’inspiration évidente pour les développeurs. Parmi les bonnes idées il y a les pouvoirs qui sont au centre de certains niveaux et qui constituent les petits twists de gameplay, là où s’articulent les meilleures idées de game design. On ne va pas rentrer dans les détails mais le niveau usant de la miniaturisation d’Astro en souris par exemple m’a vraiment bluffé par son inventivité. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est du jamais vu car j’ai pas mal de contre-exemples en tête mais la modification du rapport d’échelle qui montre que le game design a été pensé pour les deux tailles c’est le genre de choses que j’aime. Et il y a une poignée d’idée bien cool de ce genre durant toute l’aventure dont je vous laisse la surprise. Autre idée sympa c’est la présence de niveaux thématiques aux couleurs de certains grands jeux de Sony. Là encore je ne rentrerai pas dans le détail car les découvrir fait partie du plaisir. C’est plein de clin d’œil aux licences en question en allant même piocher certains éléments de gameplay qui leurs sont propres.
Chaque niveau comporte quelques collectibles, notamment les bots à retrouver et qui servent à débloquer l’arène du boss de chaque galaxie en en requérant un certain nombre. Tout l’intérêt de fouiller les niveaux se trouve donc là, par l’envie de complétion en retrouvant tous nos petits camarades, les 3 pièces de puzzle (servant à débloquer des fonctions au HUB) et parfois un accès secret amenant dans un niveau de la galaxie secrète. C’est classique mais ça marche complétement et c’est même tout l’intérêt car c’est en découvrant certaines cachettes qu’on trouve les meilleures idées du jeu plutôt que de tracer en ligne droite. Je ne le dirai jamais assez mais la curiosité récompensée c’est toujours un grand OUI. Il y a quelque chose de gratifiant à voir les bots sauvés s’accumuler dans notre base.
Tient d’ailleurs cette base parlons-en. Les pièces de puzzle trouvés dans les niveaux débloqueront à terme des fonctionnalités pour ce petit hub. Le gatcha vous permettra de dépenser vos pièces collectées débloquant ainsi des costumes, des couleurs pour le vaisseau/manette PS5 ou encore enrichir votre HUB par la présence de personnages de l’écurie Playstation version bot. Vous aurez le dressing pour personnaliser l’apparence d’Astro. Le garage pour l’apparence du vaisseau etc… Certaines zones du HUB ne seront atteignables que lorsque vous aurez sauvés un certains nombres de bot, poussant d’autant plus à les rechercher tous (300 au total).
Un plaisir à manier
Dans le genre de la plateforme ce qui compte c’est la maniabilité. L’inertie des sauts, la précision générale, la finition globale. Et on ne peut que s’incliner devant le répondant de notre petit robot. Tout répond au doigt et à l’œil. La bonne idée dans la panoplie de mouvements c’est ce court jetpack qui permet de planer deux secondes et recalibrer sa trajectoire. C’est assez permissif sans être totalement gratuit. Enfin j’ai aussi apprécié ces moments où j’avais l’impression d’avoir atteint une plateforme pas vraiment prévue et qu’une pièce géante apparaissais comme si les développeurs me disaient « on a pensé à vous joueurs intrépides jouant avec les limites de la physique de notre jeu ». De façon générale le jeu reste relativement simple mais me parait bien calibré pour initier un enfant au genre et apprendre à mesurer ses sauts etc… Cependant le jeu comporte quelques défis optionnels un peu plus pointus via des niveaux courts sur la thématique des logos de la marque : croix, carré, triangle et rond. Rien d’insurmontable cependant (rien de comparable aux derniers niveaux optionnels de Mario Wonder par exemple !).
Pourquoi seulement 7 ?
C’est indéniable, le jeu dégouline de bonne intentions. Les détails ont été soignés comme par exemple ces animations mignonne GIFable à souhait, ces petits moments photos où Astro prend la pose derrière une planche ne laissant paraitre que sa tête et que quelque chose se produit pour être screené et partagé sur les réseaux. Mais pourtant au pays des coups de coude et des clins d’œil à l’écosystème Playstation un truc m’a empêché de m’extasier outre mesure. Le sentiment de déjà vu quand on arpente le jeu vidéo depuis plus de 25 ans notamment. Le jeu de plateforme a du mal à se réinventer hors mise à jour graphique et même le roi Mario a peiné à me convaincre dans sa dernière Wonder Aventure (très agréable au demeurant mais ne laissant pas beaucoup de souvenirs impérissables finalement). Je crains bien qu’Astro ne me laisse également que peu de souvenirs sinon celui d’une agréable ballade. Par exemple je n’arrivais jamais à y jouer très longtemps. C’est un jeu que j’ai picoré en faisant des grappes de trois niveaux à 100% puis je passais à autre chose. Et j’aurai bien du mal à en expliquer la raison… Est-ce la faute du jeu ou juste un état d’esprit passager ? Le résultat est là, j’ai fait le jeu et j’ai un peu de mal à joindre ma voix au chœur de plébiscite qu’il semble susciter. Je n’y vois rien de révolutionnaire, rien d’inoubliable mais bel et bien un jeu de plateforme très bien fichu et honnête dans sa démarche. Je vais également énumérer quelques petits défauts qui m'ont sauté aux yeux.
Astro Solo mais pas Astro Duo ?
Une des raisons qui m’a fait passer à l’achat (hormis un prix sous la barre des 50€ une semaine après sa sortie) c’est aussi la perspective de partager ce joli petit jeu avec ma nièce de 10 ans. Elle n’a pas 25 ans de jeu vidéo dans les pattes et donc tout lui paraitra merveilleux contrairement à moi qui paie un peu le prix de l’émoussement d’une longue passion (non imputable au jeu donc). C’est avec ce regard encore néophyte que je me suis amusé sur les premiers Mario ou encore Spyro le dragon et Crash Bandicoot sur PS1. Mais ce partage il ne se fera pas en multi joueur et ça c’est quand même assez dommage pour un jeu de ce genre. Quand on a la bonhommie d’un Astro Bot et qu’on a tout du pur produit familial, c’est un vrai rendez-vous manqué que de ne pas proposer une forme de partage avec nos jeunes joueurs enfants.
La créativité sous exploitée
Je regrette également que les pouvoirs soient un tantinet sous exploités. Le rythme du jeu étant assez frénétique pour ne laisser aucun temps mort et donc aucune place à l’ennui, j’ai souvent eu l’impression qu’une bonne idée était trop souvent reléguée au rang de gadget jetable. On saute partout, on appuie sur les gâchettes frénétiquement comme un gamin hyperactif qui aurait mangé une boite entière de cookies. On court dans un resto à volonté en croquant à peine dans un mets qu’on le jette pour gouter le suivant. La team Asobi devrait avoir plus confiance dans ses trouvailles et leur laisser le temps de respirer et de se décliner un peu plus pour pleinement exister. Je ne peux même pas dire qu’il aurait fallu réduire le nombre de niveaux quitte à les étirer un peu plus car en réalité il n’y a presque rien à jeter dans ce que l’on nous sert. J’ai simplement l’impression que ces idées de gameplay auraient mérités une galaxie de plusieurs niveaux à elle seule et que c’est une forme de gâchis d’être parti du principe qu’il fallait que cela ne dure qu’un niveau.
Un bon méchant, c’est important
Enfin un petit truc qui manque également à Astro c’est un méchant caractéristique, identifiable visuellement et qui marque. Mario a son Bowser, Sonic son Robotnic, Crash son Dr Nitro etc… Car ce foutu blob extraterrestre déjà vu 1000 fois qui pourrait apparaitre dans une pub pour des céréales ou de la pâte à tartiner comment dire qu’il a au mieux le charisme d’Eric Ciotti. Un gros robot avec une tête de vilain qui s’appellerait Astro Bad ou Desastro Bot ça aurait déjà plus de gueule non ? Il aurait pu être le boss récurent de chaque galaxie et utiliser les pièces du vaisseau pour s’améliorer le temps d’un fight et on aurait récupéré la pièce à la fin du combat. Genre la RAM l’aurait rendu plus rapide etc…. Imaginez que j’ai trouvé ça en 5 minutes hein. Mais non on va plutôt mettre un poulpe random qui ricane… OK Asobioomer. C’est d’autant plus dommage que les boss fight sont tous hyper sympa ! Ils respectent la tradition des 3 hits pour être défaits, la mise en scène envoie et ils sont assez inventif dans leurs patterns. Même constat pour le bestiaire dont les 2/3 est vaincus en une pichenette alors que le dernier tier tire parti des pouvoirs pour être défait. Un peu dommage…
N’ayant jamais fait le gratuit Astro Bot Rescue Mission je ne m’aventurerai pas à parler de recyclage en terme de bestiaire ou d’idée comme j’ai pu le lire par ci par là.
La véritable mascotte Playstation
A l’heure de conclure je me pose cependant deux questions. La première est : Quel avenir pour un éventuel et quasi certain second épisode ? S’il n’était qu’une MAJ graphique avec de nouveaux niveaux l’intérêt n’en serait que très minime (la fameuse suite boursouflée XXL…). Je pense qu’il va falloir un véritable twist de gameplay à Astro Bot 2 pour aller plus loin et véritablement enfoncer le clou.
La seconde question est : Quel note attribuer à un jeu dont on ne trouve pas grand-chose à redire mais qui pourtant n’a pas suscité un enthousiasme outre mesure ? J’ai longuement hésité entre un 7 et un 8. Pour un premier « vrai jeu » le petit robot propose quelque chose de très solide et qui inspire vraiment le travail de passionné sincère. En tant que consommateur j’ai acheté Astro Bot et je ne me sens absolument pas floué. En tant que passionné de jeu vidéo vous aurez bien compris que j’ai quelques petits griefs, surtout un certain clacissisme même si fort bien exécuté. Astro Bot a tout du bon candidat pour devenir « le Mario de Playstation ». Dans mon barème le 8 est réservé aux jeux ayant un truc en plus comparé aux autres du même genre. C’est précisément ce qu’il m’a manqué alors je m’arrête sur un 7. Un beau 7. Un gros 7,5 formelle mais sans coup de cœur. Ce fut un agréable moment mais pas un temps fort de mon année.