Les deux premiers Baldur's Gate faisant partie de mes jeux vidéo préférés, et ayant bien aimé les Divinity: Original Sin, j'avais acheté le jeu en Early Access sans hésitation. Cette première expérience avait été très satisfaisante même si le jeu ressemblait davantage à un D:OS 3 avec une pincée de lore Dungeons & Dragons qu'à un "vrai" Baldur's Gate.
Un de mes plus gros problèmes, dès le départ, était l'absence d'alignement, qui est pourtant l'un des traits les plus marquants de D&D. La réputation auprès des compagnons ne suffit pas à remplacer la satisfaction qu'on peut avoir à renforcer son alignement de prédilection avec nos choix. Et l'alignement existe toujours dans la 5ème édition de D&D donc les développeurs n'ont pas vraiment d'excuse.
Est-ce que ça veut dire que le jeu est linéaire et, pire, qu'on est obligé d'être un héros à la morale la plus pure qui sauve le monde ? Pas vraiment. Le jeu laisse la liberté au joueur d'être parfaitement malfaisant mais c'est très punitif. Ça ne devrait pas l'être : souvent, les choix moraux dans un RPG consistent à obtenir de meilleures récompenses si on choisit la voie "mauvaise", que ça soit en tant que mercenaire amoral ou en tant que mégalomane avide de pouvoir. La plus grosse punition est sans doute la fin, qui je l'espère sera améliorée dans une version ultérieure du jeu parce qu'elle suffit à me faire ôter au moins 2 points à la note finale du jeu.
Bref point sur les graphismes : ils sont plutôt beaux et le jeu est stable même si j'ai subi de gros ralentissements dans la ville de Baldur's Gate (sur PC). En gros, les graphismes sont les mêmes que ceux de D:OS.
La jouabilité est basée sur la 5ème édition de D&D. Je ne connais ce système qu'à travers les jeux vidéo donc je ne peux pas vraiment juger de la fidélité de l'adaptation. En tout cas, le gameplay se rapproche nettement plus de celui des Divinity que de n'importe quel autre jeu vidéo basé sur D&D. Ce n'est pas forcément un reproche mais j'aurais préféré quelque chose de plus proche des jeux sur l'Infinity Engine. Le système de combats reste quand même très agréable. Je salue surtout la réactivité du jeu : beaucoup d'options de dialogue et dans l'environnement prennent en compte les compétences (notamment la persuasion, l'intimidation et la perception) et les choix ont généralement des conséquences directes et visibles. On sent quand même que le jeu a été façonné pour les "gentils" et la voie "mauvaise" est très lacunaire. Beaucoup de critiques l'ont noté : Larian ne comprend pas du tout le Mal et ce qui pousse vraiment certains joueurs (et les personnages eux-mêmes) à privilégier cette voie. C'est beaucoup trop manichéen ici.
Il m'a fallu un peu moins de 100 heures pour finir le jeu et ses quêtes secondaires - du moins celles qui étaient encore accessibles après avoir massacré pas mal de monde dans l'Acte 1 et perdu la moitié de mes compagnons. C'est un chiffre très satisfaisant en ce qui me concerne. Concernant la rejouabilité, ça reste à voir : je ne compte pas remettre la main sur ce jeu tant que l'épilogue sera aussi lacunaire. C'est d'autant plus grave que le contenu existe : il a été coupé par les développeurs pour une raison ridicule : "c'était trop long". Eh bien maintenant c'est BEAUCOUP trop court (et buggé).
La musique du jeu fait le travail, sans plus. Je préfère celle du premier opus, beaucoup plus marquante. Les acteurs par contre sont parfaits, en tout cas dans la version originale (j'ignore si les voix ont été traduites dans la VF ou si c'est sous-titré). Mention spéciale à l'acteur derrière Astarion qui donne énormément de charme au personnage.
Globalement, c'est un très bon RPG avec un scénario accrocheur, beaucoup de choix et de réactivité et un gameplay agréable. Son plus gros défaut est qu'il est bâclé. Déjà, on sait qu'il manque à peu près la moitié du contenu de l'Acte 3, ce que nient certains développeurs alors que la preuve réside dans les données du jeu. Les épilogues sont buggés, extrêmement courts et même incohérents dans certains cas. La note montera à 8 voire 9 quand ces problèmes seront réglés, en attendant ses dernières heures m'ont suffisamment mis en colère pour que ma critique soit très mitigée.