Jet de sauvegarde contre la poisse : échec
"La Légende de l'Île perdue", plus connue sous son nom anglais "Tales of the Sword Coast", est une extension trop souvent décrite comme étant peu fournie. C'est assez injuste à mes yeux, car si le nombre de nouvelles zones n'explose certe pas le compteur, la densité et la qualité de leur contenu n'a pas de quoi faire rougir Bioware.
Tout commence au petit village de la Barbe d'Ulgoth, situé à 16 heures de marche au nord de la Porte de Baldur. Ce hameau sera le point de départ de trois nouvelles quêtes qui apporteront de nombreuses heures de défi.
Le premier apéritif consistera en un labyrinthe magique, rempli de prisonniers devenus fous et de pièges vicieux. Une deuxième mise en bouche nous mènera sur une île lointaine (plutôt petite) à la recherche de l'expédition perdue de Balduran. Les choses se gâteront lorsque l'on découvrira que l'île est beaucoup plus peuplée qu'on ne l'aurait cru, et que ses habitants peuvent parfois se montrer... de "mauvais poil". Enfin, le plat de résistance sera la Tour de Durlag, un immense édifice autrefois batîe par un nain pour y abriter sa famille, et devenue un sanctuaire fortifié ne contenant plus que folie et douleur.
Cet add-on est précédé par sa réputation, et il n'y faillit pas : il est difficile et exigeant, et les maîtres bourrinos habitués à foncer dans le tas, trop confiants dans leur CA à -15 et leur équipement complet +24, vont en baver face au challenge offert, qui nécessite réflexion, doigté et stratégie.
Difficile au point que je n'avais jamais réussi à terminer ne serait-ce que la moitié du premier niveau de son gigantesque donjon l'année de sa sortie (bon, j'avais 13-14 ans et je ne comprenais strictement rien au concept de THAC0). ToSC était resté dans ma mémoire un souvenir amer lié à de puissants sentiments d'échec et de frustration. Je n'étais même pas au courant de la quête de l'ïle perdue à vrai dire, mais il ne fait aucun doute que je n'en aurais pas mené large là-bas non-plus.
Il aura fallu attendre presque 15 ans pour que j'y revienne enfin et règle son compte à cet obstacle autrefois infranchissable, mais c'est désormais chose faite. Et ce ne fut pas sans mal, les échecs critiques semblant s'être décidés à faire le plus grand nombre d'apparition possible dans le log des jets de dés virtuels... J'en ai bavé face à une faune très énervée et surtout très puissante, et le sentiment d'accomplissement face à chaque combat épique dont je ressortai victorieux fut extrèmement satisfaisant.
L'affrontement contre le tout dernier boss, notamment, fut particulièrement éprouvant, et m'a fait bouffer mes phalanges jusqu'au sang. Il m'aura fallu faire preuve de roublardise, mettre à profit tous mes bonus, et utiliser un maximum d'astuces pour réussir à m'en tirer à bon compte. Et en l'occurence, une moitié des membres de mon équipe morts à la fin de l'affrontement, tandis que les survivants baignaient dans leur sang, j'ai considéré que c'était "s'en tirer à bon compte" (Bon, allez, au temple fissa pour la résurrection des trois nuls).
Ayant pu apprécier l'expérience avec force mod de haute-résolution, je peux dire que l'ensemble est superbement réalisé, avec une grande délicatesse et une minutie de détails qui augurent déjà de ce que sera le magnifique Baldur's Gate 2. Le tout est agrémenté d'une excellente écriture, ce qui ne gâche en rien le plaisir. Le scénario de certaines quêtes a même réussi à me surprendre deux ou trois fois.
Un petit bémol à ce niveau sur le texte de clôture, un peu abrupt par rapport à l'expérience globale, et qu'on pourrait résumer par "Bon, bah, bravo, t'as gagné... Voilà, voilà... Tu peux retourner à ce que tu faisais."
Cette considération mineure mise à part, ToSC est bel et bien une extension indispensable. Soyez cependant sûrs de vous avant d'embarquer, car le voyage sera long et terriblement périlleux. Mais les trésors récoltés tout au long du chemin en valent vraiment la peine.
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