Ce que j'ai aimé :
- qui dit Battlefield dit cartes immenses et jusqu'à 64 joueurs pourront par exemple s'étriper sur le champ de bataille dans le mode conquête.
- Battlefield, c'est aussi la possibilité de piloter divers engins sur terre, sur mer et dans les airs. Cet épisode ne déroge pas à la règle : tanks, motos, bateaux, avions et j'en passe sont au rendez-vous.
- techniquement, c'est du bon boulot : le jeu tourne bien sur mon PC moyenne gamme vieux de 2 ans, les cartes proposent des environnements variés (forêt, ville, montagne, désert) et la météo est même de la partie (levée du brouillard, passage d'une tempête de sable, etc).
- le jeu de base est assez complet avec de nombreux modes multijoueurs (conquête, ruée, TDM, domination, etc) et de nombreuses armes à débloquer. Il y a également un mode solo qui consiste en cinq récits de guerre avec chacun leur propre cadre géographique et leurs propres protagonistes.
- le système de classes (assaut, soutien, médecin, éclaireur) qui permet de varier les plaisirs et qui invite à jouer en équipe avec son escouade.
- le décompte des points tend à valoriser le plus grand nombre. Ainsi, si vous n'êtes pas un as de la gâchette, vous pourrez quand même vous sentir utile et faire des bons scores en jouant les objectifs et en jouant à fond votre rôle au sein de l'escouade. Vous êtes médecins ? Soignez, les blessés, ça rapporte des points. Vous êtes en soutien ? Réparez les véhicules et distribuez des munitions, là aussi il y a des points à la clé.
Ce que j'ai moins aimé :
- la politique d'E.A. qui incite le consommateur à basculer vers le côté obscur de la force en optant pour l'édition ultime. Vous aurez alors accès à un contenu qui à terme sera pharaonique (le jeu de base, les futurs DLC plus quelques bonus supplémentaires) mais à la qualité encore incertaine. A l'arrivée, votre facture sera salée et quelque part vous aurez confortés les éditeurs dans leur mauvaise habitude de nous faire acheter des DLC pour compléter des jeux dont le contenu est famélique au moment de leur sortie, même si ce n'est pas le cas de Battlefield 1.
- Ok, la campagne solo a le mérite d'exister et constitue un didacticiel efficace grâce à ses missions variées, mais dans l'ensemble, elle manque de peps et d'enjeux. Les scénaristes ont essayé de jouer la carte de l'émotion et de l'héroïsme mais ça ne fonctionne pas à cause de la mise en scène et des dialogues dignes d'une mauvaise série B. Pour l'ambiance et le réalisme, il faudra aussi repasser, de nombreuses missions versent dans le grand n'importe quoi. Mention spéciale à celle où on peut se la jouer Robocop avec une armure de métal et dézinguer toute une armée.
- Vous ne pourrez pas incarner un soldat français, ni un soldat russe, du moins dans le jeu de base. Depuis est sortie le DLC They Shall Not Pass qui était censé mettre à l'honneur l'armée française. Le contrat n'est qu'à moitié rempli puisque la France est désormais présente dans le mode multijoueur mais elle est toujours absente du mode solo. Un récit de guerre supplémentaire pour mettre à l'honneur les poilus, voilà qui aurait été parfait pour faire taire les critiques. Hélas, Battlefield 1 reste en l'état un jeu sur la Première Guerre mondiale qui jettent aux oubliettes le rôle qu'ont joué la France ou la Russie. Tout un concept. J'aurais pu passer outre si DICE n'avait pas jugé bon d'incorporer des petites vidéos de présentation et différents codecs à vocation informative, mais par cet acte à priori anodin, le studio suédois confère à son titre une portée pédagogique et historique, certes infime, mais bien présente. Dans ces conditions, proposer une vision biaisée du conflit est condamnable. Battlefield 1 reste un jeu et le boycotter pour son parti pris historique est sans doute exagéré, néanmoins il ne faut pas sous-estimer l'influence que peut avoir un média culturel tel qu'un jeu vidéo sur les représentations mentales, notamment sur les jeunes générations qui se désintéressent globalement de l'Histoire de France et qui ne feront pas l'effort d'aller s'informer.
- E.A. et DICE ont utilisé la Première Guerre mondiale comme principal argument marketing mais nous vendent au final un jeu qui n'en respecte pas les protagonistes pas plus que l'esprit. J'ai déjà un peu parlé du mode solo, mais ce n'est pas mieux en multi. Pouvoir se parachuter de son avion alors que les pilotes de l'époque n'étaient pas équipés pour, pouvoir mitrailler les fantassins au sol depuis un dirigeable qui vole à 100 mètres d'altitude alors qu'ils devaient souvent monter à plusieurs milliers de mètres pour ne pas se faire toucher par les tirs d'artillerie, voir des tanks foncer vers l'ennemi alors que ceux de la Grande Guerre avançaient à la vitesse d'un homme au pas sont des anachronismes de l'ordre du détail. Plus gênant est de constater que 3/4 des joueurs se baladent avec des armes automatiques alors que l'arme standard de l'infanterie était le fusil à verrou. Dans la même veine, oubliez la guerre de tranchées dont le but est de gagner du terrain mètres par mètres, la plupart des cartes sont très ouvertes et laissent le joueur libre de ses déplacements. Bien sûr, la vocation première de Battlefield 1 est d'être un FPS fun où le joueur peut monter dans un avion, se faire descendre après un duel aérien de haute volée, tomber dans l'eau, monter dans un bateau pour rejoindre le rivage, continuer à pied en descendant tout ce qui bouge pour finalement prendre place dans un tank et aller détruire le village voisin, tout ça sans temps mort. Mais n'aurait-il pas été possible de faire un titre plus réaliste sans sacrifier le plaisir de jeu ? Pourquoi ne pas avoir intégrer un soupçon d'incertitude avec par exemple des armes qui s'enraillent, histoire de rappeler que la technologie à l'époque, c'était pas ça ? Pourquoi ne pas avoir fait des armes automatiques des objets rares capables de changer le cours d'une partie quand on les obtient ? Pourquoi ne pas avoir proposé au moins un mode de jeu avec deux lignes de front séparées par un no man's land au milieu, le but étant alors tout bêtement de prendre d'assaut les positions ennemies pour les faire reculer tout en évitant de se prendre une bombe sur la tronche ? On aurait déjà été plus dans le vrai, avec des combats au corps-à-corps où les soldats pourraient s'entretuer armés de leur fusil et de leur baïonnette, avec des tanks conçus comme des tourelles à mobilité réduite, avec des joueurs placés en seconde ligne pilonnant d'obus le champ de bataille tout en essayant de se défaire d'une escouade d'avions venus détruire leurs pièces d'artillerie. Le mode Frontlines du DLC They Shall Not Pass s'en rapproche, mais on reste loin du compte.
Conclusion :
Battlefield 1 respecte le cahier des charges de la série et s'impose dans l'absolu comme un très bon FPS. Alors comment expliquer que je ne me sois pas tant amusé que ça en y jouant ? Dans un premier temps, je me suis dit que c'est parce que je suis nul en multi. Je manque sans doute de talent et être condamné à jouer avec un ping de 300 ms n'aide pas à briller, mais peu importe la cause, il est difficile de vraiment s'amuser et de remplir des objectifs quand on se fait tuer toutes les 30 secondes. Et puis finalement, tout en progressant un peu, je me suis souvenu que je n'étais pas non plus un foudre de guerre aux opus précédents qui eux pourtant m'ont bien plu. Du coup, j'ai continué à creuser la question pour en arriver à la conclusion que ce Battlefield 1 m'a vite lassé parce qu'il ne renouvelle pas assez la formule : j'ai l'impression de jouer à l'un des Battlefield précédents avec un pseudo skin Première Guerre mondiale. J'aurais aimé que DICE fasse l'effort d'adapter le gameplay au contexte historique au lieu d'adapter le contexte historique au gameplay de la série. Je reste donc sur ma faim.